que, par elle, il s’élève au-dessus de l’animal réduit à attendre tout d’un autre sans jamais pouvoir rien se procurer par lui-même.
Et, lorsque l’homme sait profiter de cette loi, qu’il n’en mésuse pas, qu’il ne la laisse pas devenir entre ses mains un instrument de labeurs exagérés, ruineux pour la santé du corps et pour celle de l’âme, lorsque surtout il se contente de ce qu’elle lui vaut à la suite d’un exercice prudemment tempéré, il en retire ce double avantage d’avoir maintenu sa dignité, et de pouvoir continuer à la maintenir toujours.
Une autre condition encore que la morale juive met au travail considéré comme soutien de la dignité personnelle, c’est de ne pas l’exercer au détriment de la liberté. Nous voulons parler de deux grandes erreurs qui sont ici à éviter et contre lesquelles le Judaïsme a eu hâte de s’inscrire en faux, ou de s’assujettir au travail en vendant sa liberté physique, ou de s’y livrer et d’en prendre ensuite le produit pour noyer dans les excès d’une joyeuse vie sa liberté morale. Qui ne sait que la classe ouvrière n’est pas arrivée à comprendre même aujourd’hui, du moins dans la majorité de ses membres, que, quoique réduite à ce genre de travail manuel dont la classe plus riche est exempte, elle n’en conserve pas moins cette dignité inhérente à sa nature d’homme, et que rien n’est jamais capable de ravir si l’on ne se la ravit pas soi-même ?
On cherche les moyens d’éteindre ou de diminuer le paupérisme. À notre avis il est tout trouvé si on parvient à pénétrer le travailleur du sentiment de sa dignité personnelle. Savoir se respecter soi-même, comprendre que l’image de Dieu réside en nous, quel puissant remède contre le désordre moral ! Quel obstacle élevé contre le vice et la débauche. Sans doute, le nivellement des fortunes ne s’opérera pas avec cela. Mais est-ce