Page:Simon Levy - Moïse, Jésus et Mahomet, Maisonneuve, 1887.djvu/356

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blement en elle une conviction profonde, inspirée par Dieu, de la valeur personnelle de l’homme. Voyez encore cette défense que, sur l’ordre de Dieu, il élève à la hauteur d’une loi, et qui consiste à ne point se faire d’incision dans la chair, à ne point s’arracher les cheveux pour un mort, et, à côté de cette défense et comme pour lui faire suite, ce commandement formel d’observer les jours de sabbath et de fêtes, et de s’y réjouir en société de sa femme, de ses enfants, de ses serviteurs et de ses servantes[1] ! Ne se trouve-t-il pas dans cette double recommandation comme un reflet de la dignité humaine ? N’est-ce pas parce que l’homme doit constamment se maintenir dans sa dignité, qu’il lui est défendu de s’abandonner au désespoir au temps du malheur, de même aussi que c’est savoir se respecter soi-même que de chercher à alléger quelquefois les peines de la vie par quelque plaisir et quelque récréation ?

Mais quelles sont ces réjouissances que le Judaïsme ordonne de prendre aux jours du sabbath et des fêtes ? Ce ne sont certes pas les joies bruyantes et désordonnées qui ne se recrutent que dans l’agitation tumultueuse des passions et dans les satisfactions matérielles qu’on s’ingénie à leur procurer, mais ce plaisir calme et noble qui découle du recueillement dans le repos, et d’une sorte de contemplation avec laquelle on jette un coup d’œil placide sur les travaux sérieux et menés à bonne fin de la semaine écoulée.

C’est là le véritable repos du sabbath et des fêtes juives, ce repos qui, dans la Synagogue, est connu sous le nom de Oneg, et dont Isaïe a admirablement parlé en disant : « Si tu t’interdis de voyager au jour du sabbath et d’y poursuivre la réussite de tes entreprises ; si tu te fais de lui un délice pour sanctifier

  1. Deut., chap. XIV.