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Page:Simon Levy - Moïse, Jésus et Mahomet, Maisonneuve, 1887.djvu/372

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mander la pratique de la charité, et inviter les citoyens à se secourir, à s’aimer les uns les autres sans différence de castes ni de classes.

Athènes eut encore un autre homme qui lui était fort cher et qui s’était un jour mêlé de lui indiquer les moyens de se constituer sur des bases inébranlables. Cet homme, c’était Platon, celui, peut-être de tous les penseurs anciens et modernes, qui a le mieux compris les facultés de l’âme humaine, et, parmi ces facultés l’amour que, dans deux dialogues célèbres, Phèdon et le Banquet, il exalte jusqu’à la poésie, ce n’est pas assez dire, jusqu’au délire. Eh bien ! malgré sa rare perspicacité et son magnifique don d’intuition, Platon n’a su rien fonder de stable, alors même qu’il quittait les régions imaginaires pour aborder la vie réelle et y adapter une bonne législation morale et sociale. Pas plus dans son livre des Lois que dans celui de la République, il ne fournit d’éléments à une solide organisation des hommes entre eux, et la raison en est, qu’il n’a pas su donner à la partie aimante et affectueuse de l’âme son véritable objet. En exaltant l’amour, il ne le fait jamais au point de vue de la charité. C’est comme sentiment personnel qu’il l’envisage. Rarement l’âme humaine lui apparaît par ce côté qui n’est certes pas le moins attrayant, par celui où elle aime de s’épandre pour se dévouer au semblable, par pure affection, n’estimant rien autant que le bonheur de pouvoir le soulager, et lui adoucir ses peines en les partageant. Ou si, dans le cours de ses spéculations philosophiques, le maître de l’Académie, qui avait l’observation juste et fine, s’arrête quelquefois à décrire également cette tendance évidente de l’âme, du moins est-il vrai qu’il ne lui a pas assigné de place sérieuse dans ses essais de législation, et cela suffit à montrer que ce grand esprit non plus n’a pas su s’inscrire en faux contre l’égoïsme, ce grand vice des temps anciens.