prennent si souvent l’astuce et la ruse pour arriver à leur fin. Rome a su élever à la justice des monuments écrits impérissables, et qui servent encore à l’enseignement du droit dans tous les pays civilisés. Mais à la charité, à l’amour du prochain, quel monument a-t-elle su ériger ? Et c’était précisément la charité unie au droit qu’il lui aurait fallu préconiser, pour donner de solides constitutions aux nations qu’elle voulait s’incorporer, et pour se donner à elle-même, si elle l’avait pu, une constitution inébranlable. Représentez-vous Rome ayant des lois pleines d’amour et de justice à offrir aux contrées qu’elle subjuguait les unes après les autres ; représentez-vous-la s’avançant sur son char de triomphe et apportant, sur les pas de ses légions victorieuses, aux peuples soumis à sa puissance, la paix, la concorde, la prospérité, résultats d’une administration toute paternelle ; plus préoccupée de secourir les vaincus que de leur faire sentir l’aiguillon de la servitude, leur tendant une main généreuse après le combat et s’établissant à leur tête avec l’intention de répandre parmi eux l’instruction, de les soulager dans leurs besoins, de les appeler à une vie de liberté morale et de franchises personnelles, à une vie basée sur une mutualité d’assistance et sur une réciprocité d’affection s’étendant à tous ; en un mot, tenant d’une main le sceptre du pouvoir et de l’autre inoculant dans l’âme de ses nombreux sujets, tous devenus citoyens, la sève de l’amour, et vous comprendrez qu’on se fût inféodé à elle sans hésitation et avec la même effusion de cœur qu’elle eût su montrer. Mais il eût fallu pour cela qu’elle eût rompu avec le Paganisme, avec tous les principes égoïstes des temps anciens, et qu’au moment où luisait pour elle le beau soleil de la victoire, elle fût déjà pénétrée de la loi de charité descendue sur le Sinaï, loi qu’elle a cependant acceptée, mais bien plus tard, des mains du Christianisme. Elle l’eût possédée
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