Page:Simon Levy - Moïse, Jésus et Mahomet, Maisonneuve, 1887.djvu/407

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à tout, mais aimer tout, être attaché à tout ce qui nous met en position de remplir notre mission sur la terre. Et c’est précisément ce cosmopolitisme que la Synagogue a sauvé, prêché et encouragé, voulant par là affirmer l’obligation où est l’homme de se dévouer corps et âme au pays qui lui accorde aide et protection et favorise le développement de ses plus nobles aspirations. « Ainsi vous parle par ma bouche, avait dit autrefois le prophète Jérémie au peuple hébreu descendu à Babylone, ainsi vous parle l’Éternel Zebaoth, le Dieu d’Israël : Bâtissez-vous des maisons et habitez-les ; plantez des jardins et récoltez-en les fruits ; concourez à la prospérité des villes où vous avez été menés ; priez pour elles et ne séparez pas votre paix de la leur[1]. »

A son tour, Guedaliah, fils d’Achikam, disait à ceux qui étaient demeurés dans la Judée : « Soyez en repos et sans aucune inquiétude. Vous êtes tributaire des Chaldéens ; ils vous veulent du bien, servez-les donc et demeurez fidèles au roi de Babylone[2]. »

Qui ne sait combien Israël a toujours eu à cœur de suivre ces chaleureuses recommandations ? Sans essayer de mettre ici en relief ce qu’il fait aujourd’hui pour ses patries respectives, avec quelle sincère affection il les chérit, de quelle main ferme il tient en leur nom le drapeau sur le champ de bataille, avec quelle ardeur désintéressée il recherche, il invente, il cultive tout ce qu’il soupçonne devoir contribuer à leur grandeur et à leur prospérité, ne pouvons-nous pas signaler dans l’antiquité juive plus ou moins reculée, des Joseph, des Mardochée, des Daniel, des Chasdaï-Iben-Schabrut, des Abarbanel, qui tous ont donné des preuves non douteuses de leur admirable façon de

  1. Jérémie, chap. XXIX, v. 5 à 7.
  2. Jérémie, chap. XL, v. 9.