Page:Simon Levy - Moïse, Jésus et Mahomet, Maisonneuve, 1887.djvu/435

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jeu ; dans ce cas, rien ne t’empêche de recevoir le prix de ton argent prêté[1]. » « Cependant, quelles que soient tes relations avec lui, que la franchise et la probité y président ; étends sur lui les mêmes sentiments d’amour que tu accordes à ton compatriote. Il a les mêmes titres à ton affection ainsi qu’à ta protection ; c’est là un commandement positif de ta religion[2] ; elle te cite partout en exemple Dieu qui a dit : J’aime l’étranger ; et qui a voulu que le précieux bénéfice des villes de refuge ne fût pas plus refusé à l’étranger qu’à l’israélite[3]. »

Après toutes ces citations, dont on ne voudra certes pas contester l’immense portée, il nous est bien permis de demander qui des deux, du Judaïsme ou du Christianisme a, le premier, déclaré, suivant la parole de Guizot : « Que l’étranger est un homme et qu’il possède les droits inhérents à la qualité d’homme aussi bien que le compatriote ? » Non que nous aspirions à diminuer, en quoi que ce soit, la gloire de la religion chrétienne, envers laquelle nous tenons à être plus juste que Guizot ne l’a été envers la religion juive. Mais nous ne voulons pas que l’on feigne d’ignorer que le Christianisme a puisé tout l’esprit de charité, dont il est plein, dans la doctrine juive, dont il a sucé le lait dans son berceau. A la faveur de circonstances spéciales, plus d’une fois déjà indiquées dans ce livre, les destinées de la fille, dans ses rapides progrès, ont été plus brillantes que celles de la mère. Mais la mère n’a-t-elle pas toujours le droit de prendre sa part dans le succès qui a été le lot de la fille ? Et telle justement se pose la religion israélite vis-à-vis de la religion chrétienne ; elle applaudit des deux mains à ce qu’elle lui voit faire de bon ; elle reconnaît en cela son

  1. Voir Talmud, traité Baba Meziah, p. 70.
  2. Maïmonide Iad Hachsakah, Hitchoth Melachim, chap. X, § 10.
  3. Maïmonide Iad Hachsakah, Hilchoth Déath, chap. VI.