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Page:Simon Levy - Moïse, Jésus et Mahomet, Maisonneuve, 1887.djvu/454

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latitude qu’il a accordée de réduire en esclavage les prisonniers de guerre, vont à l’encontre du principe d’humanité que nous venons de tant relever, pour en faire gloire au Judaïsme où nous l’avons trouvé inscrit à si larges traits. Seulement, faut-il plus qu’un peu de bonne foi pour comprendre que c’étaient là des mesures ou exceptionnelles ou de rigueur, commandées, tantôt par ce que l’on est convenu d’appeler la raison d’État, tantôt par la loi de réciprocité, loi qui, à la vérité, est toujours injustifiable, mais que l’on ne peut quelquefois pas se refuser d’appliquer ? Les Hébreux faits captifs sur le champ de bataille se voyant condamnés par le vainqueur à l’esclavage, quoi d’extraordinaire qu’ils y aient assujettis à leur tour ceux qui, en temps de guerre, tombaient vivants entre leurs mains ! Quant aux sept peuplades aborigènes de la Palestine, elles étaient tout ensemble profondément corrompues et dangereusement corruptrices. « Il y avait à craindre qu’Israël, les laissant vivre à côté de lui, ne fit auprès d’elles l’apprentissage des honteuses abominations qui avaient comblé, aux yeux de l’Éternel, la mesure de leurs crimes, et Dieu ordonna qu’on les exterminât[1]. »

Veut-on d’ailleurs une preuve que ce n’étaient point la cruauté et la barbarie qui présidaient chez les premiers Hébreux aux guerres internationales ? Qu’on lise au même chapitre du Deutéronome les paroles suivantes : « Lorsque tu t’avanceras vers une ville pour y porter la guerre, invite-la d’abord à conclure la paix. Si elle y consent et qu’elle t’ouvre ses portes, tu pourras rendre tributaires tous ceux qui y demeurent, mais si elle s’y refuse, tu mettras le siège autour d’elle… Toutefois, alors encore, garde-toi de dévaster ses

  1. Deut., chap. XX, v. 17 et 18.