par laquelle les Docteurs juifs promettent les délices de la vie future aux Justes de toutes les nations, quel qu’ait été le symbole de leur foi[1] » ; nous pourrions enfin prouver, en nous appuyant sur cette réprobation divine dont les chrétiens disent les Juifs accablés depuis des siècles, que la justice de Dieu ne peut plus être qu’un vain mot, dans une croyance où l’on présente le Créateur se jouant perpétuellement du sort d’un peuple malheureux, lequel, s’il avait commis réellement un crime, l’aurait depuis longtemps expié, et ne mériterait pas, en tout cas, d’être ainsi puni dans l’innocence de ses enfants jusqu’à la millième génération, de laquelle Dieu n’a parlé que pour la combler de ses bontés et non de sa colère dont la Bible a elle-même désigné la limite plus restreinte[2].
Mais toutes ces contradictions, ou plutôt toutes ces altérations de la vérité biblique, ressortiront peu à peu dans la suite de ce livre. Pour le moment, nous n’avons qu’à chercher d’où proviennent les nombreux points de ressemblance, tant sous le rapport de la forme que sous celui du fond, qu’ont entre eux le Christianisme et le Mahométisme dans ce qu’ils enseignent des attributs moraux de Dieu.
Eh bien, comment se fait-il que dans les deux nouvelles doctrines, dont l’une fut formulée sur le sol de la Palestine, et l’autre sur la terre sacrilège et toute remplie d’idoles de l’Arabie, les mêmes expressions et les mêmes figures aient servi à peindre les caractères de justice, de bonté et de sainteté propres au Créateur ? Mahomet quittant à l’âge de quarante ans la carrière commerciale pour se faire le fondateur d’une religion, Jésus rompant avec ses maîtres, les pieux docteurs de la Synagogue, pour se faire le réformateur d’une autre, et tous deux enseignant