Page:Simon Levy - Moïse, Jésus et Mahomet, Maisonneuve, 1887.djvu/66

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du saint amour que Dieu nourrit pour les mortels. Le genre humain s’est corrompu. Ni la piété de Seth ni celle d’Enoch, ni celle de Noé n’ont pu l’éloigner du vice ; sa perte est résolue : il périra par le déluge. Aussitôt la Bible nous représente Dieu s’affligeant de faire passer sur son œuvre les eaux dévastatrices du déluge. Il faut pourtant qu’un exemple soit frappé ; la justice divine va s’accomplir. Mais immédiatement une nouvelle image de la bonté du Créateur nous est offerte dans le serment que Dieu fait de ne plus jamais bouleverser le monde, quelle que fût dans la suite la corruption qui pût envahir le cœur de l’homme. Le Seigneur l’a juré dorénavant rien ne saura plus briser le lien d’amour qui l’attache à sa créature de prédilection et, si cette dernière, par de nouveaux égarements, venait encore à exciter son courroux, oh ! alors, selon la belle parole du Talmud, « Dieu prierait pour que sa miséricorde contrebalançât et tempérât les effets de sa colère[1]. »

Une troisième figure de l’amour de Dieu pour les hommes et qui a passé du Pentateuque dans les écrits des prophètes et des poètes sacrés, c’est Israël avec sa mission de salut au sein de l’humanité. Sans doute Israël avait des titres à cette mission, et quels étaient-ils ? Sa descendance des patriarches d’abord, et, depuis eux, l’héritage de foi et de dévouement à Dieu qui s’était conservé intact chez lui.

« Au moment, dit le Midrasch dans son langage symbolique, où Israël reçut la Loi, les autres nations en éprouvèrent de la jalousie. Et pourquoi vous dépiter de cela, leur répond Dieu, apportez donc votre livre de généalogie et comparez-le avec celui de mon peuple[2]. » Ce n’est donc pas précisément dans le fait de l’élection d’Israël que nous voulons trouver

  1. Talmud, Traité Beruchoth, page 6 et page 54.
  2. Midrasch Jalkout sur Bamidbar.