Où trouver, nous le demandons, des images plus belles, plus tendres, et qui peignent avec plus de richesse et d’éloquence, l’amour que Dieu nourrit pour les hommes et, en général, pour tout ce dont il a rempli l’Univers ? Et lorsque Jésus et Mahomet lisaient et étudiaient la Bible[1], dont toutes les pages respirent le parfum du Dieu plein d’amour et de bonté, pouvaient-ils ne pas se pénétrer de ce qu’elle a su si bien dire sur ce Dieu, s’approprier, avec le noble langage dans lequel elle s’exprime, les vérités qui en forment le fond, pour faire passer le tout dans leurs propres doctrines ? En ce qui concerne Jésus, par exemple, il n’y a pas à douter que tout ce qu’il prêche de l’amour de Dieu ne soit la reproduction presque textuelle de ce qu’en enseigne le Judaïsme. On trouve chez lui cette même tendance, si remarquable dans la Bible, à présenter le Dieu de bonté sous mille images diverses. « Dieu, a dit Jésus, fait pleuvoir sur les justes et les injustes, il fait lever son soleil sur les bons et sur les méchants. » Qu’est-ce cela, sinon l’imitation de ce beau verset des Psaumes qui décrit le soleil « faisant sa révolution journalière d’un point du ciel à « l’autre sans que sa chaleur soit jamais refusée à personne[2]. Et cette figure du bon pasteur si populaire dans le Christianisme, n’est-elle pas puisée dans les propres paroles d’Isaïe s’extasiant sur la douceur du bon berger qui prend dans ses bras les brebis malades pour les porter sur le lieu du pâturage[3] ? Nous avons lu, tout à l’heure, dans l’Évangile : « Dieu est bon envers les ingrats et les méchants ! » Mais David n’avait--
- ↑ Que Jésus ait lu la Bible, cela ne fait de doute pour personne. Quant à Mahomet, s’il a dit vrai (Coran, avec note de Kasimirski, chap. XXIX, v. 47), lorsqu’il a affirmé qu’il ne savait ni lire ni écrire, au moins convient-il (Ibid. chap. XLVI, v. 9), qu’un rabbin juif, Abdallah, l’a instruit dans le Judaisme, et l’on sait que le tuteur de Kadischa une des femmes de Mahomet, a été longtemps juif de croyance comme il le fut de naissance, ainsi que Habib ben Malak, un puissant prince arabe. —
- ↑ Psaumes, chap. XIX, v. 6.
- ↑ Isaie, chap. XL. v 11.