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CHAPITRE IV

LE DOGME DE LA PROVIDENCE


En essayant de parler de ce dogme et après avoir songé à tout ce que l’on en a dit à la suite du Judaïsme, nous ne pouvons nous empêcher de faire observer, dès le début, que, sur ce sujet encore, la doctrine chrétienne, à cause de son esprit de condescendance pour l’erreur païenne, est restée au-dessous de la vérité biblique. Disons plutôt que, tout en reconnaissant cette vérité, le Christianisme, pour complaire à ses néophytes, n’a pas craint de la mêler à un reste d’erreur venue du dehors, et a donné ainsi l’étrange spectacle d’avoir conservé l’ombre de l’antique destin à côté du dogme de la Providence. Mahomet a encore été plus infidèle. Pour la première fois nous le voyons s’écarter de l’enseignement de la Synagogue que lui transmettait son cher Abdallah, et placer résolûment la fatalité dans ce qu’elle a d’entier et d’exclusif en tête du gouvernement du monde. Mais il faut dire les choses les unes après les autres.

Le mot Providence, d’après son étymologie, a deux acceptions. Il signifie pourvoir et prévoir. Nous remarquons ce double sens, parce qu’il sert admirablement de jalon au travail comparatif que nous allons faire des trois religions dominantes, dans leur manière d’envisager. Dieu comme gouvernant, prévoyant et dirigeant toutes choses.