Page:Simon Levy - Moïse, Jésus et Mahomet, Maisonneuve, 1887.djvu/87

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dessaisir ; l’une et l’autre lui étaient chères ; l’une et l’autre sont nettement affirmées par lui.

Dans le Pentateuque, par exemple, Moïse dépense toute son éloquence pour faire comprendre aux Hébreux qu’ils sont maitres de leur sort. « Voyez, leur dit-il, je place aujourd’hui devant vous la vie et le bien, la mort et le mal. Si, comme je vous le commande en ce moment, vous aimez l’Éternel votre Dieu, en marchant dans ses voies, en gardant ses préceptes, vous vivrez et vous serez bénis dans le pays que bientôt vous aurez en possession. Oui, j’en atteste le ciel, tout est entre vos mains, la vie et la mort, la bénédiction et la malédiction. Choisissez la vie afin que vous vous conserviez, et avec vous, vos enfants après vous[1]. » Dans ce même code, on entend encore Dieu former pour son peuple le vœu significatif « que son cœur pût toujours être ainsi tourné à le craindre et à observer ses commandements[2] ». Quoi de plus explicite pour attester que l’Éternel s’interdit de peser à tout jamais sur les résolutions des mortels !

Dans les livres des prophètes, c’est ici Isaïe qui s’écrie au nom du Seigneur : « Malheur à vous, enfants rebelles, vous faites des projets qui ne sont pas les miens, vous offrez des libations que je n’agrée pas, vous accumulez fautes sur fautes, et vous descendez en Égypte sans me consulter[3] ! » Ailleurs c’est Maleachi s’adressant à la maison d’Israël : « A quel titre implorez-vous la miséricorde divine ? Toutes ces choses ne sont-elles pas le produit de vos propres mains, et vous voulez que le Dieu Zébaoth ait des égards pour vous[4] ? » De semblables accents peuvent-ils sortir d’un cœur ou bien s’adresser à un peuple qui croient au destin ?

  1. Deut., chap. XXX. v. 15 à 20.
  2. Deut., chap. V, v. 29.
  3. Isaïe, chap XXX, v. 1 et 2.
  4. Maleachi, chap. I, v. 9.