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LE SORCIER DE SEPTÊMES


I. Où l’on trouve une nouvelle preuve, qu’un mari est souvent mal avisé d’arriver chez lui à l’improviste et qu’il court risque de mal souper quand son feu est éteint et sa femme contrariée.


C’était un soir de l’automne de 1867. Le vent soufflait en tempête, la pluie tombait par ondées intermittentes et de nombreux éclairs sillonnaient le ciel, mêlés, par intervalles rapprochés, aux rauques grondements de la foudre.

Un cavalier, que l’obscurité empêchait de distinguer, parcourait en ce moment la route d’Aix à Marseille, et, à la façon dont il talonnait sa monture, ainsi qu’à la manière dont l’animal répondait, à son impatience, il était facile de conclure qu’ils étaient aussi pressés l’un que l’autre d’arriver au but de leur voyage.

Un observateur même, en voyant l’allure du cheval s’accélérer, au lieu de se ralentir, au fur et à mesure qu’il avançait, n’aurait pas eu de peine à deviner que ce gîte était proche et qu’il ne restait plus que quelques efforts à faire pour l’atteindre.

Quelques minutes après, en effet, une vive succession d’éclairs ayant tout-à-coup illuminé le paysage, on put apercevoir le bourg de Septêmes se profiler à peu de distance.