Page:Sincère - Le Sorcier de Septêmes (paru dans Le Roman, journal des feuilletons Marseillais), 1873.djvu/51

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lique, heureuse doublement de pouvoir à si peu de frais assurer le bonheur de ma fille et de Monsieur.

— Te voilà donc de la famille, — dit Andronic à Marcel en lui secouant cordialement la main. C’est fâcheux vraiment que Mlle  Angélique soit fille unique ; puisque le nid est si bon, j’aurais profité de l’occasion pour faire une seconde demande. À quand la noce maintenant ?

— Cela regarde M. Marcel, répondit Ambroise.

— En ce cas, au plus tôt, conclut Marcel.

— Au plus tôt, répéta Ambroise, mais cette fois, c’est moi qui me charge du repas.

— Comment ! objecta Andronic, vous avez quelque reproche à faire à la cuisine de Satan ?…

— Oh ! non, pour sûr. Je la déclare même excellente. Mais, malgré moi, je ne peux m’y faire, et je vous avouerai franchement que le repas de noce perdrait pour moi la moitié de ses charmes, si, comme celui de ce soir, de l’enfer il nous arrivait.

— À votre guise, beau-père. On vous laissera carte blanche.

— C’est donc entendu. Laissez-moi faire, et Catherine vous prouvera que, pour avoir un bon dîner, il n’est nul besoin que le diable y mette sa griffe.


VIII. — Ce que deviennent nos personnages.


Un mois après, Marcel épousait la belle Angélique, au grand ébahissement et surtout à la grande jalousie des commères de Septêmes.

Ambroise était rayonnant. Il contemplait tour-à-tour Angélique et Marcel avec une sorte d’admiration, et semblait dire aux habitants du pays rassemblés pour voir passer les nouveaux mariés :

— Qu’en dites-vous, voisins ? voilà qui n’est pas piqué des vers, — j’espère. Qui donc à une fille plantée comme celle-là et un gendre ficelé comme le mien ?…

Catherine pensait absolument de même ; mais elle le dissimulait beaucoup mieux. Depuis l’aventure du diable