mettre ainsi en danger la subsistance de tous ses pareils. L'intérêt des ouvriers qui travaillent en journée est sans doute que le salaire d'un travail de dix heures par jour leur suffise pour vivre et pour élever leurs enfants jusqu'à ce que leur corps soit complètement formé ; c'est bien aussi l'intérêt de la société ; mais l'intérêt du journalier sans ouvrage est de trouver du pain à quelque prix que ce soit ; il travaillera quatorze heures par jour, il fera entrer ses enfants dès l'âge de six ans dans une manufacture, et il compromettra avec sa santé et sa vie l'existence de toute sa classe, pour échapper à la pression actuelle du besoin.
La législature anglaise a senti récemment la nécessité d'intervenir dans les contrats entre le pauvre et le riche, pour protéger le plus faible ; elle a fixé l'âge au-dessous duquel on ne pourrait recevoir les enfants dans les manufactures, tout comme le nombre d'heures pendant lesquelles on pourrait les obliger au travail. La législation des empereurs romains, qui certes n'était pas libérale en faveur des dernières classes, avait pris la protection des colons, dont la condition paraît s'être rapprochée de celle des serfs russes, soumis à la capitation. Une loi de l'empereur Constantin (Codex Justiniani, Livre XX, tit. 49, lex 1) porte : « Tout colon dont le