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Page:Sismondi - Nouveaux Principes d’économie politique.djvu/388

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l'intérêt de chacun formait l'intérêt de tous. L'un et l'autre axiome est vrai, et la conclusion n'est cependant pas juste. L'intérêt de chacun contenu par tous les autres serait en effet l'intérêt de tous ; mais chacun cherchant son intérêt propre aux dépens des autres, aussi bien que dans le développement de ses propres moyens, n’est pas toujours contenu par des forces égales aux siennes ; le plus fort trouve alors son intérêt à prendre, et le plus faible trouve encore le sien à ne pas lui résister ; car le moindre mal, autant que le plus grand bien, est le but de la politique de l'homme. L'injustice peut souvent triompher, dans cette lutte de tous les intérêts les uns contre les autres, et l'injustice sera presque toujours, dans ce cas, secondée par une force publique qui se croira impartiale, qui le sera en effet, puisque, sans examiner la cause, elle se rangera toujours du côté du plus fort.

Reprenons notre même manufacture, et nous verrons l'intérêt de chacun, mais l'intérêt forcé, le conduire à un résultat bien décidément contraire à l'intérêt du plus grand nombre, et peut-être, en fin de compte, contraire à l'intérêt de tous.

Du progrès naturel de la société résulte un accroissement constant de capitaux, et d'un vice