Page:Sismondi - Nouveaux Principes d’économie politique.djvu/50

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semblaient ne faire autre chose que la transmettre de mains en mains.

Le négociant, qui porte d’un continent à l’autre les productions des deux hémisphères, et qui, rentré dans les ports de sa patrie, retrouve, lorsqu’il vend sa cargaison, une somme double de celle avec laquelle il avait commencé ses courses ne parut néanmoins au docteur Quesnay avoir fait autre chose qu’un échange. S’il avait vendu aux colonies les étoffes d’Europe à un prix plus élevé qu’elles ne lui avaient coûté, c’est qu’elles valaient réellement davantage. Avec leur prix d’achat il devait encore se faire rembourser de la valeur de son temps, de ses soins, de sa subsistance, et de celle de ses matelots et de ses agens, pendant ses voyages. Il avait un remboursement semblable à prétendre sur le prix de vente des cotons ou des sucres qu’il rapportait en Europe. Si, à la fin de son voyage, il lui restait quelque profit, c’était le fruit de son économie et de son savoir-faire. Le salaire que lui avaient alloué les consommateurs pour la peine qu’il avait prise en voyage était plus ample que la somme qu’il avait dépensé ; n’importe, car il est de la nature d’un salaire de devoir être dépensé en entier par celui qui le gagne ; et, s’il avait dépensé le sien, il n’aurait rien ajouté à la ri-