Page:Sismondi - Nouveaux Principes d’économie politique.djvu/54

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en trois grandes classes, ils n’y reconnaissaient que des propriétaires de terre, seuls dispensateurs de la fortune nationale ; des laboureurs, seuls ouvriers productifs qui faisaient naître le revenu des premiers ; et des salariés, parmi lesquels ils rangeaient aussi-bien les négocians et les artisans, que tous les officiers de l’état, destinés à y maintenir l’ordre et la sûreté.

Les conseils que les deux sectes donnaient au gouvernement ne différaient pas moins que leurs principes. Tandis que les mercantiles voulaient faire intervenir l’autorité en toute chose, les économistes lui répétaient sans cesse : laissez faire et laissez passer ; car par cela même que l’intérêt public se compose de la réunion de tous les intérêts personnels, ils estimaient que l’intérêt personnel de chaque individu le guiderait plus sûrement que le gouvernement vers l’intérêt public dont le sien faisait partie.

En politique, les économistes, voyant dans les propriétaires de terre les hôtes qui recevaient la nation entière dans leurs foyers, les dispensateurs de toute richesse, et les maîtres de la subsistance de tous leurs concitoyens, les considérèrent aussi comme seuls souverains de l’état. Leurs principes les conduisaient à l’établissement d’une aristocratie absolue, quoiqu’ils les accommodassent au gouvernement monarchique sous lequel ils étaient nés. Les devoirs qu’ils