Page:Sismondi - Nouveaux Principes d’économie politique.djvu/70

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La richesse peut exister, non-seulement sans aucun signe d`échange, ou sans argent, mais encore sans aucune possibilité d’échange, ou sans commerce ; d’autre part elle ne peut exister sans travail, non plus que sans des désirs ou des besoins que ce travail doive satisfaire. Qu’un homme soit abandonné dans une île dserte, la propriété de cette île entière, que personne ne lui dispute, ne le rendra pas riche, quelle que soit la fertilité naturelle de son sol, l’abondance du gibier qui erre dans ses forêts, du poisson qui se joue sur ses rivages, des mines que recèlent ses entrailles. Au contraire ; au milieu de ces secours qui lui sont offerts par la nature, il pourra être réduit au dernier degré de misère, il pourra même mourir de faim. Mais si cet homme, par son industrie, atteint vivans quelques-uns des animaux qui errent dans ces bois, et si, au lieu de les dévorer aussitôt, il les réserve pour ses besoins futurs ; si, dans cet intervalle, il réussit à les apprivoiser, à vivre de leur laitage, à les associer à son travail, à les multiplier, il commencera à devenir riche, parce que son travail lui aura acquis la propriété de ces animaux, et qu’un nouveau travail les aura rendus domestiques. La mesure de sa richesse ne sera point le prix qu’il pourrait en obtenir en échange, puisque tout