jusqu'aux futures moissons, une autre partie, mise en réserve pour la semence, devait fructifier dans l'année suivante. La formation de la société, et l'introduction des échanges, permit de multiplier presque indéfiniment cette semence, cette portion fructifiante de la richesse accumulée, et c'est elle qu'on a nommée le capital.
Le solitaire ne pouvait faire travailler de concert avec lui que la terre et les animaux ; mais dans la société, l'homme riche put faire travailler l'homme pauvre. Le cultivateur, après avoir mis en réserve tout le blé dont il prévoyait qu'il aurait besoin jusqu'à la prochaine récolte, comprit qu'il lui convenait d'employer le surplus du blé qui lui restait à nourrir d'autres hommes qui laboureraient pour lui la terre, et feraient naître de nouveau blé ; qui fileraient et tisseraient ses chanvres et ses laines, qui travailleraient ses mines ; qui, enfin, sous quelque forme que ce fût, prendraient de ses mains la denrée toute prête à être consommée, et lui rendraient, au bout d'un certain temps, une denrée de plus grande valeur, destinée à la consommation.
En faisant cette opération, le cultivateur changeait une partie de son revenu en un capital ; et c'est en effet toujours ainsi qu'un capital nouveau se forme. Le blé qu’il avait récolté