Page:Smith - Le commerce du coton dans l'Inde, trad Émion, 1863.djvu/38

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une somme de 500 livres sterling (12,500 fr.), il faisait marché de livrer cette quantité à un commerçant en gros à un prix un peu plus élevé que celui qu'il était convenu de payer aux fermiers, et recevait de son acheteur 25, 50 ou 75 p. 100 comptant. Mais un anneau manque encore à la chaîne pour atteindre le but de nos observations. Les grands marchands de l'intérieur qui ont, eux-mêmes, traité pour l'achat des produits de plusieurs villages peuvent rarement disposer d'un si grand capital, et se soulagent en revendant aux riches marchands indigènes de Bombay. Il en est résulté une nouvelle sorte de contrats : les grands marchands de l'intérieur se sont engagés à livrer aux commerçants de Bombay autant de coton qu'ils espéraient en recevoir des petits marchands, et ce moyennant un prix qui leur laissait un bénéfice suffisant ; ils recevaient alors des avances qui variaient de 25 à 50 p. 100 de la valeur des produits à livrer. Ces derniers contrats se faisaient généralement entre les semailles et la récolte, et très-fréquemment les grands marchands de l'intérieur étaient simplement les agents des commerçants indigènes de Bombay, au lieu d'être leurs vendeurs.

Avec ce curieux système qui prévalait dans l'Inde entière, un réseau compliqué de contrats enveloppait le commerce du coton ; les produits du petit cultivateur passaient entre les mains de plusieurs acheteurs pour arriver finalement à Bombay, et tout le capital qui faisait travailler le fermier partait de la même source et suivait différents canaux successivement. Donnons un exemple pour rendre ceci encore plus clair. Le fermier du Berar vend son coton au petit marchand de village au moment des semailles, en juillet, au prix de 70 roupies (175 fr.), le candi par exemple, et reçoit 50 roupies (125 fr.) comptant. Le marchand de village traite en août pour la livraison du coton à un marchand d'Oomrawuttee, à raison de 75 roupies (187 fr. 50), et reçoit 40 roupies (100 fr.) comptant. Le marchand d'Oomrawuttee, qui a sur les bras beaucoup de traités du même genre, se soulage au plus vite en contractant en septembre, avec quelque riche commerçant indigène de Bombay, au prix de