Page:Smith - Le commerce du coton dans l'Inde, trad Émion, 1863.djvu/53

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On a souvent dit qu'une loi plus sévère sur les contrats, faisant un crime de la non-livraison du coton, remédierait à cette difficulté. Mais aucune loi sur les contrats, quelque rigoureuse qu'elle fût, n'empêcherait les fermiers d'éluder leurs engagements de mille manières s'ils le voulaient, et elle serait assurément cause de beaucoup de dureté et d'injustice. Les Européens rencontrent des difficultés insurmontables à contracter avec les fermiers ; ces difficultés ont empêché, jusqu'ici, ce genre d'affaires, et l'empêcheront également à l'avenir, et aucune législation ne peut les faire disparaître. C'est tout différent pour les marchands indigènes. Ils vivent dans le village, au milieu du peuple ; ils connaissent les fermiers personnellement, et savent leurs faits et gestes ; on ne peut employer avec eux aucun faux-fuyant, au moins à leur insu, et ils ont une arme qu'ils peuvent employer contre les fermiers, s'ils agissent déshonnêtement. Ils peuvent arrêter leurs avances et refuser de traiter avec des clients malhonnêtes ; et, dans les jours où il y a peu de concurrence, ce moyen les a toujours ramenés à la raison. En outre, le marchand de village se contente de petites opérations ; il traite peut-être avec cinquante cultivateurs, et reçoit 100 balles de coton ; mais une maison anglaise ne trouverait jamais son compte à entretenir à grands frais une agence pour faire des affaires si peu importantes.

En somme, ce système de commerce direct avec les fermiers n'est pas du ressort du négociant européen en coton; c'est aussi étranger à ses affaires proprement dites, qu'il serait extraordinaire, pour un grand négociant en denrées, de Liverpool ou de Belfast, de contracter avec quelques milliers de paysans, dans l'ouest de l'Irlande, pour la livraison des pommes de terre récoltées dans leurs petits morceaux de terre. Si cependant les fermiers prennent l'habitude de vendre leur coton après l'avoir récolté, cela ouvrira une plus vaste carrière à l'influence européenne. Supposons, par exemple, qu'un acheteur anglais s'établisse à Oomrawuttee ou à Darouar (Dharwar), et se fasse connaître comme étant toujours prêt à acheter moyennant un bon prix, suivant la qualité, le coton