Page:Smith - Le commerce du coton dans l'Inde, trad Émion, 1863.djvu/75

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inspecter le lot. Ce travail doit se faire le matin de bonne heure, ou tard dans l'après-midi, car aucun Européen ne peut supporter l'ardeur du soleil lorsqu'il est haut, et l'éclat de la lumière empêche de distinguer la qualité du coton. Le lot à inspecter se compose, si c'est de l'Oomrawuttee, d'un tas de petits sacs de campagne (docras); l'Européen s'assied près du tas, et l'on tire de chaque sac un échantillon qu'on lui présente. Si le prix du coton a monté depuis la conclusion du traité, le premier lot sera certainement mauvais et composé de différentes sortes; la pile sera un assortiment mélangé de Kandeich, de Barse et d'Oomrawuttee inférieur; l'inspecteur rejettera presque tout ce qu'on lui présentera, et refusera enfin d'aller plus loin.

La même ruse recommence le lendemain matin, et ainsi de suite jusqu'au moment de la livraison. Alors la maison anglaise menace le marchand de poursuites judiciaires s'il ne remplit pas ses engagements, et il obtient généralement la promesse d'un lot de bonne qualité que le marchand recevra dans un jour ou deux. Le lot est offert à l'examen de l'Européen, il est encore mélangé et assez mauvais; mais on y trouvera probablement un peu de coton passable, et l'Européen choisira peut-être 40 ou 50 sacs d'une qualité convenable; cela continue pendant plusieurs jours, et l'inspecteur se fatigue et se dégoûte de ce travail ennuyeux, et des tentatives continuelles que l'on fait pour lui imposer un article inférieur. Enfin la maison anglaise notifie qu'elle achètera ailleurs le coton nécessaire pour compléter la quantité stipulée, qu'elle se procurera la qualité convenable, et qu'elle fera payer à l'indigène la différence de prix. Mais ce remède est bien mauvais ; on ne peut se procurer que fort peu de coton, car les autres marchands sont aussi intéressés à rabaisser la qualité de la récolte, et presque tous les lots entassés dans les cours sont de coton mêlé et peu convenable. Le bon coton, qui vient dans les lots de l'intérieur, est choisi par les marchands indigènes et passe sous d'autres noms. Cette année, par exemple, tout le bon coton qui arrive d'Oomrawuttee est soigneusement enlevé et mêlé à des lots d'Hingunghaut, et