Page:Smith - Recherches sur la nature et les causes de la richesse des nations, Blanqui, 1843, I.djvu/125

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dises, ne coïncide exactement avec ce qu’on peut appeler leur prix naturel.

Je tâcherai de traiter ces trois points avec toute l’étendue et la clarté possibles, dans les trois chapitres suivants, pour lesquels je demande bien instamment la patience et l’attention du lecteur : sa patience pour me suivre dans des détails qui, en quelques endroits, lui paraîtront peut-être ennuyeux ; et son attention, pour comprendre ce qui semblera peut-être encore quelque peu obscur, malgré tous les efforts que je ferai pour être intelligible. Je courrai volontiers le risque d’être trop long, pour chercher à me rendre clair ; et après que j’aurai pris toute la peine dont je suis capable pour répandre de la clarté sur un sujet qui, par sa nature, est aussi abstrait, je ne serai pas encore sûr qu’il n’y reste quelque obscurité.


CHAPITRE V.

du prix réel et du prix nominal des marchandises[1], ou de leur prix en travail et de leur prix en argent[2].


Un homme est riche ou pauvre, suivant les moyens qu’il a de se procurer les choses nécessaires, commodes ou agréables de la vie. Mais la division une fois établie dans toutes les branches du travail, il n’y a qu’une partie extrêmement petite de toutes ces choses qu’un

  1. Ce mot est pris dans le sens le plus étendu, et s’applique à toutes les choses qui peuvent faire la matière d’une échange.
  2. Smith me paraît commettre en ce chapitre une double erreur.

    1o Tous les biens du monde n’ont pas été achetés par le travail de l’homme. La nature a une part dans certaines productions, et son travail donne une valeur additionnelle à celui de l’homme. Cela est évident dans l’industrie agricole, dont les produits paient (outre le salaire de l’industrie de l’homme et les profits de son capital, qui peut à la rigueur représenter du travail accumulé) un revenu foncier.

    2o Il y a des travaux plus ou moins bien récompensés, suivant le plus ou moins d’utilité de leurs produits. La quantité de travail qu’une valeur quelconque commande, est donc variable, et si la valeur est égale à toutes deux, la mesure est donc variable selon les quantités auxquelles elle est appliquée. Ce n’est donc pas une mesure, qui est une grandeur invariable susceptible d’être comparée à des grandeurs variables.

    Note inédite de J.-B. Say.