Page:Smith - Recherches sur la nature et les causes de la richesse des nations, Blanqui, 1843, I.djvu/127

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gnent, dans le fait, cette fatigue. Elles contiennent la valeur d’une certaine quantité de travail, que nous échangeons pour ce qui est supposé alors contenir la valeur d’une quantité égale de travail. Le travail a été le premier prix, la monnaie payée pour l’achat primitif de toutes choses. Ce n’est point avec de l’or ou de l’argent, c’est avec du travail que toutes les richesses du monde ont été achetées originairement ; et leur valeur pour ceux qui les possèdent et qui cherchent à les échanger contre de nouvelles productions, est précisément égale à la quantité de travail qu’elles les mettent en état d’acheter ou de commander.

« Richesse c’est pouvoir », a dit Hobbes ; mais celui qui acquiert une grande fortune ou qui l’a reçue par héritage, n’acquiert par là nécessairement aucun pouvoir politique, soit civil, soit militaire. Peut-être sa fortune pourra-t-elle lui fournir les moyens d’acquérir l’un ou l’autre de ces pouvoirs, mais la simple possession de cette fortune ne les lui transmet pas nécessairement. Le genre de pouvoir que cette possession lui transmet immédiatement et directement, c’est le pouvoir d’acheter ; c’est un droit de commandement sur tout le travail d’autrui, ou sur tout le produit de ce travail existant alors au marché. Sa fortune est plus ou moins grande exactement en proportion de l’étendue de ce pouvoir, en proportion de la quantité du travail d’autrui qu’elle le met en état de commander, ou, ce qui est la même chose, du produit du travail d’autrui qu’elle le met en état d’acheter. La valeur échangeable d’une chose quelconque doit nécessairement toujours être précisément égale à la quantité de cette sorte de pouvoir qu’elle transmet à celui qui la possède[1].

Mais, quoique le travail soit la mesure réelle de la valeur échangeable

  1. La valeur d’échange, ou cette faculté d’être échangé contre le travail ou ses produits, est une qualité inhérente à tout article qui a provoqué la demande, pourvu toutefois que ce produit ait nécessite un travail, direct ou indirect, ou qu’il n’existe qu’en quantités limitées. Mais cette qualité ne peut ni se manifester ni être appréciée si ce n’est quand les marchandises sont comparées entre elles ou avec le travail. Il est, en effet, totalement impossible d’établir la valeur d’une marchandise sans se reporter à une autre ou sans remonter au travail comme fait initial. Aucun article, aucun produit ne possède de valeur échangeable, si ce n’est par rapport à quelque autre objet qui est ou qui peut être échangé avec lui. Il serait aussi rationnel de parler d’une hauteur ou d’une profondeur absolue que d’une valeur absolue. Mac Culloch.