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Page:Smith - Recherches sur la nature et les causes de la richesse des nations, Blanqui, 1843, I.djvu/237

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La différence entre le profit apparent de la vente en détail et celui de la vente en gros est bien moindre dans une capitale que dans une petite ville ou dans un village. Quand il est possible d’employer un fonds de 10,000 livres au commerce d’épicerie, les salaires du travail de l’épicier ne sont qu’une bagatelle à ajouter à ce qui est réellement le profit d’un aussi gros capital. Ainsi les profits apparents d’un très-fort détaillant, dans une grande ville, se rapprochent beaucoup plus de ceux du marchand en gros ; c’est pour cette raison que les marchandises qui se vendent en détail sont, en général, à aussi bon marché, et souvent à bien meilleur marché dans la capitale que dans les petites villes ou dans les villages. Les épiceries, par exemple, y sont généralement à bien meilleur marché ; le pain et la viande de boucherie y sont souvent à aussi bon marché. Il n’en coûte pas plus pour transporter des épiceries dans une grande ville que dans un village ; mais il en coûte bien davantage pour transporter dans la première du blé et du bétail, dont la plus grande partie est amenée d’une grande distance. Le premier prix des épiceries étant le même dans les deux endroits, elles seront à meilleur marché là où elles sont chargées d’un moindre profit. Le premier prix du pain et de la viande de boucherie est plus fort dans la grande ville que dans le village ; quoique chargés d’un profit moindre, ils n’y sont pas toujours à meilleur marché, mais ils s’y vendent souvent au même

    Celle du capitaliste consiste, en grande partie, à retrouver la portion de capital qui a été consommée, entamée ou absorbée pendant son emploi. Mais outre cette restitution, il doit rester un excédent à ce dernier ; car ce ne pourrait être le désir de personne d’employer son capital productivement, si on ne devait en espérer aucun profit. Le surplus qui échoit au capitaliste après restitution de ses fonds est le seul fruit qu’il en retire, et prend le nom de profit. Le profit est l’attrait qui porte le capitaliste à appliquer des fonds à la production, comme le salaire est le fait qui détermine le travailleur à déployer son habileté et sa force dans le même but. Le premier a évidemment autant de droits à être récompensé, pour l’emploi de son capital, que le second pour sa dépense de travail. Tous les deux se sont réunis pour produire un résultat complexe qui n’eût pu être produit à défaut de l’un d’eux. Sans le capital, le travail eût été presque improductif ; sans le travail, le capital fût demeuré inactif et sans accroissement, même étant à l’abri des dilapidations. Le droit de posséder le capital, d’en disposer librement et de recevoir toute rémunération ou tout profit obtenu en le plaçant à titre de prêt, ou en le rendant productif par le loyer du travail d’autrui ; ce droit, dis-je, repose évidemment sur les mêmes bases que celui par lequel on possède ou l’on dispose de toute autre chose reconnue également comme le produit du travail. P. Scrope