Page:Smith - Recherches sur la nature et les causes de la richesse des nations, Blanqui, 1843, I.djvu/281

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était de 4 réaux, équivalant à 21 deniers et demi sterling. Il ne dit rien du prix du pain, sans doute parce qu’il n’y avait rien trouvé de remarquable. Un bœuf, dit-il, n’y coûte guère plus que la peine de le prendre. Mais nulle part le blé ne peut croître sans une grande quantité de travail ; et dans un pays situé sur les bords de la Plata, qui était alors la route directe de l’Europe aux mines d’argent du Potosi, le prix pécuniaire du travail ne devait pas être à très-bon marché. Il en est autrement quand la culture s’est étendue à la majeure partie du pays ; il y a alors plus de pain que de viande. La concurrence prend une autre direction, et c’est le prix de la viande qui devient plus fort que celui du pain.

En outre, à mesure que la culture s’étend, les terres incultes deviennent insuffisantes pour répondre à la demande de viande de boucherie. Une grande partie des terres cultivées est nécessairement employée à élever et à engraisser du bétail, dont il faut, par conséquent, que le prix suffise à payer, non-seulement le travail de le soigner et de le garder, mais encore les profits et la rente que cette terre mise en labour aurait pu rapporter au fermier et au propriétaire. Lorsqu’on amène les bestiaux au même marché, ceux qui ont été nourris au milieu des friches les plus incultes sont, à proportion du poids et de la qualité, vendus au même prix que ceux qui ont été élevés sur la terre la mieux cultivée. Les propriétaires de ces friches en profitent, et ils haussent la rente de leurs terres en proportion du prix du bétail qu’elles nourrissent. Il n’y a pas plus d’un siècle que, dans plusieurs endroits des montagnes d’Écosse, la viande de boucherie était à aussi bon ou à meilleur marché que le pain même de farine d’avoine. Par l’union des deux royaumes, le marché d’Angleterre a été ouvert au bétail de ces montagnes. Leur prix ordinaire est à présent environ trois fois plus élevé qu’au commencement du siècle, et pendant le même temps les rentes de la plupart des biens situés dans ce pays ont triplé et quadruplé. Dans presque toute la Grande-Bretagne, une livre de la meilleure viande de boucherie vaut aujourd’hui, en général, plus de deux livres du meilleur pain blanc, et dans les années d’abondance, elle en vaut quelquefois trois ou quatre.

C’est ainsi que, par les progrès de l’amélioration des terres, les rentes et profits des pâtures incultes se règlent, en quelque sorte, sur les rentes et profits de celles qui sont cultivées, et celles-ci, à leur tour, sur les rentes et profits des terres à blé. Le blé est une récolte annuelle. La