Page:Smith - Recherches sur la nature et les causes de la richesse des nations, Blanqui, 1843, I.djvu/285

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l’avoir été le prix ordinaire de la viande en détail, dans le temps du prince Henri.

Pendant les douze premières années du dernier siècle, le prix moyen du meilleur froment, au marché de Windsor, a été de 1 livre 18 schellings 3 deniers un sixième le quarter de neuf boisseaux de Winchester.

Mais dans les douze années qui ont précédé 1764, y compris cette même année, le prix moyen de la même mesure du meilleur froment au même marché a été de 2 livres 1 schelling 9 deniers et demi.

Ainsi, il paraît que, dans les douze premières années du dernier siècle, le froment a été bien meilleur marché, et la viande bien plus chère que dans les douze années antérieures à 1764 inclusivement.

Dans tous les grands pays, la majeure partie des terres cultivées est employée à produire ou de la nourriture pour les hommes, ou de la nourriture pour les bestiaux. La rente et le profit de ces terres règlent les rentes et profits de toutes les autres terres cultivées. Si quelque produit particulier fournissait moins, la terre serait bientôt remise en blé ou en prairie ; et s’il y avait quelque produit qui fournît plus, on consacrerait bientôt à ce genre de produit une partie des terres à blé ou des prairies.

À la vérité, les genres de productions qui exigent ou une plus grande dépense primitive, ou une plus grande dépense annuelle de culture, pour que la terre y soit appropriée, paraissent ordinairement rapporter, les uns une plus forte rente, les autres un plus gros profit que le blé ou l’herbe des prés. Néanmoins, on trouvera rarement que cette supériorité aille au-delà d’un intérêt raisonnable ou d’une juste compensation de cette plus forte dépense.

Une houblonnière, un verger, un potager, paraissent généralement rendre, tant au propriétaire qu’au fermier, en rente et en profit, plus qu’un pré ou une pièce de blé ; mais il faut aussi plus de dépense pour mettre la terre en cet état ; de là il est dû une plus forte rente au propriétaire ; elle exige aussi plus de soin, d’attention et d’habileté dans la culture : de là, un plus gros profit est dû au fermier ; la récolte aussi est plus précaire, du moins pour le houblon et les fruits ; il faut donc que le prix de cette récolte, outre une compensation pour les pertes accidentelles, fournisse encore quelque chose, comme une espèce de prime d’assurance. La condition des jardiniers, bien peu aisée en général et toujours médiocre, nous prouve assez que, pour l’ordinaire, un métier aussi difficile n’est pas trop payé. Il y a tant de gens riches qui se livrent