Page:Smith - Recherches sur la nature et les causes de la richesse des nations, Blanqui, 1843, I.djvu/288

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et le Haut-Languedoc. La quantité de bras qu’emploie une espèce de culture encourage nécessairement l’autre, parce que la première fournit un marché tout prêt pour le produit de la seconde. C’est à coup sûr l’expédient le moins propre à encourager la culture du blé, que de diminuer le nombre de ceux qui sont en état de le payer ; c’est une politique aussi sage que celle qui voudrait donner de l’extension à l’agriculture en décourageant les manufactures.

Ainsi, les rentes et profits des productions qui exigent ou de plus fortes avances primitives pour y approprier la terre, ou une plus grande dépense pour leur culture annuelle, quoique souvent fort supérieurs aux rentes et profits des blés et de l’herbe des prés, sont réglés par les rentes et profits de ces deux espèces ordinaires de récoltes, dans tous les cas où ils ne font que compenser, les avances et dépenses extraordinaires.

À la vérité, il arrive quelquefois que la quantité de terres qui peut être appropriée à une certaine production est trop petite pour répondre à la demande effective. Tout le produit en pourra alors être vendu à ceux qui sont disposés à donner quelque chose au-delà de ce qui est suffisant pour payer la totalité des rentes, salaires et profits employés à le faire croître et à le mettre sur le marché, selon leurs taux naturels, ou selon les taux auxquels on les paye dans la majeure partie des terres cultivées. Dans ce cas, et dans ce seul cas, la portion restante du prix après le remboursement total des frais d’amélioration et de culture peut bien communément ne garder aucune proportion régulière avec le surplus correspondant dans le prix du blé ou de l’herbe des prés ; elle peut même l’excéder à un degré presque sans bornes et la majeure partie de cet excédent va naturellement à la rente du propriétaire.

Par exemple, ce que nous avons dit de la proportion naturelle et ordinaire entre les rentes et profits que rapporte le vin et ceux que donnent le blé et l’herbe des prés, ne doit s’entendre seulement que pour ces vignes qui ne produisent autre chose qu’un bon vin ordinaire, tel qu’il en peut croître à peu près partout où il se trouve un terrain léger, pierreux ou sablonneux, un vin qui n’a d’autre qualité que de la force et de la salubrité. Ce n’est qu’avec ces sortes de vignes seulement que les terres ordinaires du pays peuvent être mises en concurrence ; mais il est évident que cela ne peut avoir lieu à l’égard des vins d’une qualité particulière.

La vigne est, de tous les arbres à fruits, celui sur lequel la différence du terroir a le plus d’effet. Certains terroirs, à ce qu’on suppose,