Page:Smith - Recherches sur la nature et les causes de la richesse des nations, Blanqui, 1843, I.djvu/292

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

glas[1] que je soupçonne pourtant avoir été mal informé), brûlé une certaine quantité de tabac, par nègre, de la même manière qu’on nous dit que font les Hollandais pour les épices. S’il faut employer des moyens aussi violents pour maintenir le prix actuel du tabac, il est vraisemblable que la supériorité des avantages de cette culture sur celle du blé, s’il y en a encore quelqu’une, ne sera pas de longue durée.

C’est ainsi que la rente des terres cultivées pour produire la nourriture des hommes règle la rente de la plupart des autres terres cultivées. Aucun produit particulier ne peut longtemps rendre moins, parce que la terre serait aussitôt mise en autre nature de rapport ; et s’il y a quelque production particulière qui rende ordinairement plus, c’est parce que la quantité de terre qui peut lui être propre ne suffit pas pour remplir la demande effective.

En Europe, c’est le blé qui est la principale production de la terre servant immédiatement à la nourriture de l’homme. Ainsi, excepté quelques circonstances particulières, la rente des terres à blé règle en Europe celles de toutes les autres terres cultivées. L’Angleterre n’est donc pas dans le cas d’envier à la France ses vignobles, ni à l’Italie ses plantations d’olives. À l’exception de circonstances particulières, le rapport de ces sortes de cultures se règle sur le rapport du blé ; et en blé, la fertilité de l’Angleterre n’est pas inférieure à celle de ces deux pays.

Si, dans un pays quelconque, la nourriture végétale ordinaire et favorite du peuple était tirée de quelque plante dont la terre la plus commune, avec la même ou presque la même culture, pût produire une beaucoup plus grande quantité que les terres les plus fertiles ne produisent de blé, alors la rente du propriétaire ou l’excédent de nourriture qui lui restait après le payement du travail et le remboursement du capital et profits ordinaires du fermier, serait nécessairement beaucoup plus considérable. Quel que pût être, dans ce pays-là, le taux de la subsistance ordinaire du travail, ce plus grand excédent de la nourriture en ferait toujours subsister davantage et, par conséquent, mettrait le propriétaire en état d’en acheter ou d’en commander une plus grande quantité. Il recevrait nécessairement une rente d’une valeur réelle plus considérable ; il aurait réellement plus de pouvoir et d’autorité sur le travail d’autrui ; il aurait à sa disposition et à son commandement plus

  1. Douglas’s Summary, vol. II, pages 372, 373.