Page:Smith - Recherches sur la nature et les causes de la richesse des nations, Blanqui, 1843, I.djvu/301

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

trouve autant de profit à faire des plantations qu’à exploiter la terre en blé ou en prairies. Nulle part le bénéfice que le propriétaire retire d’une plantation de bois ne peut l’emporter, au moins pour longtemps, sur la rente que rapportent ces deux derniers genres de produits ; mais, dans un pays enfoncé dans les terres, très-bien cultivé, il arrivera souvent que ce bénéfice n’y sera pas inférieur. À la vérité, dans un pays bien florissant, situé sur les côtes, si l’on peut se procurer facilement du charbon pour le chauffage, on trouvera quelquefois plus de profit à tirer le bois de charpente, pour ses bâtiments, des pays étrangers moins cultivés, que de les faire croître chez soi. Dans la nouvelle ville Édimbourg, bâtie il y a peu d’années, il n’y a peut-être pas une seule pièce de bois coupée en Écosse.

Quel que puisse être le prix du bois, si celui du charbon est tel, qu’un feu de charbon coûte presque autant qu’un feu de bois, nous pouvons être sûrs que, dans cette localité, et tant que les choses seront ainsi, le prix du charbon est aussi haut qu’il puisse être ; c’est ce qui existe apparemment dans quelques endroits de l’intérieur de l’Angleterre, spécialement dans le comté d’Oxford, où il est d’usage, même chez les gens du peuple, de mêler du bois et du charbon ensemble dans le foyer et où, par conséquent, il ne peut y avoir grande différence entre la dépense de ces deux sortes de chauffage.

Le charbon, dans les pays à mines de charbon, est partout fort au-dessous de ce prix extrême ; sans cela il ne pourrait pas supporter un transport éloigné, par terre ni même par eau. On ne pourrait en vendre qu’une petite quantité, et les maîtres charbonniers et propriétaires des mines trouvent bien mieux leur compte à en vendre une grande quantité à quelque chose au-dessus du plus bas prix, qu’une petite quantité au prix le plus élevé. En outre, le prix de la mine de charbon la plus féconde règle le prix du charbon pour toutes les autres mines de son voisinage[1]. Le propriétaire et l’entrepreneur trouvent tous deux qu’ils pourront se faire, l’un une plus forte rente, l’autre un plus gros profit en vendant à un prix un peu inférieur à celui de leurs voisins. Les voisins sont bientôt obligés de vendre au même prix, quoiqu’ils soient moins

  1. Mac Culloch voit dans cette opinion une erreur. Il prétend que c’est la mine de charbon la moins fertile que l’on est forcé d’exploiter pour répondre à la demande, qui règle le prix du charbon des autres mines.
    (Voyez éd. de M. C., p. 55.)