Page:Smith - Recherches sur la nature et les causes de la richesse des nations, Blanqui, 1843, I.djvu/343

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il sollicitait dans ce temps même le premier établissement de la taxe foncière annuelle[1].

Ainsi, la valeur de l’argent, relativement à celle du blé, s’est probablement un peu élevée avant la fin du siècle dernier, et elle semble avoir continué à s’élever pendant le cours de la majeure partie de ce siècle, quoique la prime ait dû avoir nécessairement l’effet de rendre cette hausse moins sensible qu’elle ne l’eût été sans cela, dans l’état actuel de la culture.

Dans les années d’abondance, la prime, en occasionnant une exportation extraordinaire, élève nécessairement le prix du blé au-dessus de ce qu’il serait sans cela dans ces années. Le but avoué de cette institution, c’était d’encourager le labourage en tenant le blé à un bon prix, même dans les années de la plus grande abondance.

Dans les années de cherté, il est vrai, la prime était suspendue ; cependant, elle n’en a pas moins produit son effet, même sur les prix de la plupart de ces années. Au moyen de l’exportation extraordinaire qu’elle occasionne dans les années d’abondance, elle doit souvent empêcher que l’abondance d’une année ne compense la disette de l’autre.

Ainsi, la prime élève le prix du blé, tant dans les années abondantes que dans les mauvaises, au-delà du prix où il s’arrêterait naturellement, dans l’état où est alors la culture. Si donc, pendant les soixante-quatre premières années de ce siècle, le prix moyen a été plus bas que pendant les soixante-quatre dernières du précédent, il l’aurait été encore bien davantage sans l’effet de la prime, en supposant que l’état de la culture fût resté le même.

Mais, dira-t-on, sans la prime, l’état de la culture n’eût pas été le même. Quand j’en serai à traiter, dans la suite, des primes en particulier, je tâcherai d’expliquer quels peuvent avoir été les effets de cette institution sur l’agriculture. Je me contenterai, pour le moment, d’observer que cette hausse dans la valeur de l’argent, relativement à celle du blé, n’a pas été particulière à l’Angleterre. Trois écrivains qui ont recueilli avec beaucoup de soin et d’exactitude le prix du blé en France, M. Dupré

  1. La taxe foncière ou taxe des terres, land-tax, est un impôt assez semblable à nos anciens vingtièmes, et qui porte sur les revenus fonciers, les maisons et les capitaux de commerce ; ceux placés dans la culture des terres n’y sont pas assujettis. Voyez au reste le liv. V, chap. ii, partie 2e, art. 1er*.

    *. Cette taxe n’existe plus depuis la paix : on parle de la rétablir.