Page:Smith - Recherches sur la nature et les causes de la richesse des nations, Blanqui, 1843, I.djvu/364

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Le prix des diamants et des autres pierres précieuses est peut-être encore plus rapproché que le prix de l’or du prix le plus bas auquel il soit possible de les mettre au marché.

Quoiqu’il n’y ait pas trop d’apparence qu’on veuille jamais rien abandonner d’une taxe qui non-seulement est établie sur un des articles les plus propres à être imposés, un article purement de luxe et de superfluité, mais qui d’ailleurs rapporte un revenu aussi important, tant qu’on verra de la possibilité à la faire payer ; cependant la même impossibilité de la payer, qui a, en 1736, obligé de la réduire d’un cinquième à un dixième, peut quelque jour obliger à la réduire encore davantage, de la même manière qu’elle a obligé à réduire au vingtième la taxe sur l’or. Quiconque a observé l’état des mines de l’Amérique espagnole, a reconnu que, comme toutes les autres mines, elles deviennent de jour en jour d’une exploitation plus dispendieuse, à cause de la plus grande profondeur à laquelle il faut établir les travaux, et des plus fortes dépenses qu’il faut faire pour tirer l’eau et fournir de l’air frais à ces grandes profondeurs[1].

Ces causes, qui équivalent à une rareté qui se ferait sentir dans l’argent (car on peut dire d’une denrée qu’elle devient plus rare quand il devient plus difficile et plus coûteux d’en recueillir une certaine quantité), doivent produire un jour l’un ou l’autre des trois effets suivants : il faut nécessairement que cette augmentation de dépense soit compensée, ou entièrement par une augmentation proportionnée dans la valeur du métal, ou entièrement par une diminution proportionnée de la taxe sur l’argent, ou enfin partie par l’un, partie par l’autre de ces deux moyens. Le dernier de ces trois cas est très-possible. Comme l’or a haussé de prix relativement à l’argent, nonobstant la grande diminution de la taxe sur l’or, de même l’argent pourrait hausser de prix relativement au travail et autres marchandises, nonobstant une pareille diminution de la taxe sur l’argent.

Cependant, si de telles réductions successives de la taxe ne peuvent pas totalement empêcher la hausse de la valeur de l’argent dans le marché de l’Europe, au moins elles doivent certainement la retarder plus ou moins. Ces réductions permettent d’exploiter beaucoup de mines qui n’auraient pas pu être exploitées auparavant, parce que leur produit n’au-

  1. Cet inconvénient pourrait être compensé par de grands perfectionnements dans l’art d’exploiter les mines. Buchanan.