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Il y a deux manières différentes d’employer un capital pour qu’il rende un revenu ou profit à celui qui l’emploie.

D’abord, on peut l’employer à faire croître des denrées, à les manufacturer ou à les acheter pour les revendre avec profit. Le capital employé de cette manière ne peut rendre à son maître de revenu ou de profit tant qu’il reste en sa possession ou tant qu’il garde la même forme. Les marchandises d’un négociant ne lui donneront point de revenu ou de profit avant qu’il les ait converties en argent, et cet argent ne lui en donnera pas davantage avant qu’il l’ait de nouveau échangé contre des marchandises. Ce capital sort continuellement de ses mains sous une forme pour y rentrer sous une autre, et ce n’est qu’au moyen de cette circulation ou de ces échanges successifs qu’il peut lui rendre quelque profit. Des capitaux de ce genre peuvent donc être très-proprement nommés capitaux circulants.

En second lieu, on peut employer un capital à améliorer des terres ou à acheter des machines utiles et des instruments d’industrie, ou d’autres choses semblables qui puissent donner un revenu ou profit, sans changer de maître ou sans qu’elles aient besoin de circuler davantage ; ces sortes de capitaux peuvent donc très-bien être distingués par le nom de capitaux fixes.

Des professions différentes exigent des proportions très-différentes entre le capital fixe et le capital circulant qu’on y emploie.

Le capital d’un marchand, par exemple, est tout entier en capital circulant. Il n’a pas besoin de machines ou d’instruments d’industrie, à moins qu’on ne regarde comme tels sa boutique ou son magasin.

Un maître artisan ou manufacturier a toujours nécessairement une partie de son capital qui est fixe, celle qui compose les instruments de son métier. Cependant, pour certains artisans, ce n’en est qu’une très-petite partie ; pour d’autres, c’en est une très-grande. Les outils d’un maître tailleur ne consistent qu’en quelques aiguilles ; ceux d’un maître cordonnier sont un peu plus coûteux, mais de bien peu ; ceux du maître tisserand sont beaucoup plus chers que ceux du cordonnier. Tous ces artisans ont la plus grande partie de leur capital qui circule, soit dans les salaires de leurs ouvriers, soit dans le prix de leurs matières, et qui ensuite leur rentre avec profit dans le prix de l’ouvrage.

Il y a d’autres genres de travail qui exigent un capital fixe beaucoup plus considérable. Dans une fabrique de fer en gros, par exemple, le fourneau pour fondre la mine, la forge, les moulins de la fonderie sont