Page:Smith - Recherches sur la nature et les causes de la richesse des nations, Blanqui, 1843, I.djvu/458

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honneur dans la ressource de son compte courant avec la banque. Néanmoins, dans les affaires qu’elle fait avec de tels correspondants, la banque doit observer avec grande attention si, dans le cours d’un terme un peu court, comme de quatre, cinq, six ou huit mois, le montant des remboursements qu’ils lui font ordinairement est ou n’est pas absolument égal au montant des avances qu’elle leur fait de son côté. Si dans l’espace de ce court terme, le montant des remboursements que lui font certains de ses correspondants est, la plupart du temps, absolument égal au montant des avances, la banque peut en toute sûreté continuer de faire affaire avec eux. Quoique, dans ce cas, le courant qui sort continuellement du bassin puisse être d’un fort gros volume, celui qui y rentre continuellement doit nécessairement être au moins aussi gros, de manière que, sans exiger plus de soin ni d’attention, il est vraisemblable que la caisse sera toujours également pleine, ou à bien peu de chose près, et qu’il n’y aura presque jamais besoin, pour la remplir, d’une dépense extraordinaire. Si, au contraire, le montant des acomptes que rapportent certains correspondants se trouve être ordinairement fort au-dessous des avances que leur fait la banque, il n’y aurait pas de sûreté pour elle à continuer de faire des affaires avec de tels clients, s’ils persévèrent dans une pareille conduite. Dans ce cas, le courant qui sort continuellement du bassin est nécessairement d’un beaucoup plus gros volume que celui qui y rentre, de manière qu’à moins de quelque grand et continuel effort de dépense pour la tenir pleine, la caisse sera bientôt tout à fait épuisée.

En conséquence, les compagnies de banque écossaises furent pendant longtemps très-attentives à exiger de tous leurs correspondants des remboursements fréquents et réguliers et, quelle que fût la fortune ou le crédit d’une personne, elles ne se souciaient pas de faire affaire avec elle, quand elle ne faisait pas avec la banque ce qu’on appelait des opérations fréquentes et régulières. Outre qu’avec cette attention elles s’épargnaient presque entièrement toutes dépenses extraordinaires pour tenir leur caisse pleine, elles y trouvaient encore deux autres avantages très-importants.

En premier lieu, cette attention mettait la banque en état de porter un jugement assez certain sur la bonne ou mauvaise situation des affaires de ses débiteurs, sans avoir besoin de chercher d’autres renseignements que ceux qu’elle trouvait dans ses propres livres, les hommes mettant pour l’ordinaire plus ou moins de régularité dans