Page:Smith - Recherches sur la nature et les causes de la richesse des nations, Blanqui, 1843, I.djvu/482

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et d’argent qui circule dans ce pays, et par le moyen de laquelle le produit des terres et du travail de ce pays est annuellement mis en circulation et distribué aux consommateurs auxquels il appartient, est aussi, tout comme l’argent comptant du négociant, un fonds mort en totalité. C’est une partie très-précieuse du capital du pays, qui n’est point productive[1]. Les opérations d’une banque sage, en substituant du papier à la place d’une grande partie de cet or et de cet argent, donnent le moyen de convertir une grande partie de ce fonds mort en un fonds actif et productif, en un capital qui produira quelque chose au pays[2]. L’or et l’argent qui circulent dans un pays peuvent se comparer précisément à un grand chemin qui, tout en servant à faire circuler et conduire au marché tous les grains et les fourrages du pays, ne produit pourtant pas lui-même ni un seul grain de blé ni un seul brin d’herbe. Les opérations d’une banque sage, en ouvrant de quelque manière, si j’ose me permettre une métaphore aussi hardie, une espèce de grand chemin dans les airs, donnent au pays la facilité de convertir une grande partie de ses grandes routes en bons pâturages et en bonnes terres à blé, et d’augmenter par là, d’une manière très-considérable, le produit annuel de ses terres et de son travail. Il faut pourtant convenir que si le commerce et l’industrie d’un pays peuvent s’élever plus haut à l’aide du papier-monnaie, néanmoins, suspendus ainsi, si j’ose dire, sur ces ailes d’Icare, ils ne sont pas tout à fait aussi assurés dans leur marche

  1. C’est une erreur d’affirmer que l’or et l’argent employés comme monnaie ne sont point productifs. Il est évident qu’ils sont, au contraire, excessivement productifs, puisqu’ils facilitent les échanges, et permettent à la division du travail d’être infiniment plus développée qu’elle ne pourrait l’être avec le système d’échange en nature. Mac Culloch.
  2. Les opérations de banque n’ont pas pour effet réel de convertir un capital mort en capital productif. Leur véritable effet consiste tout simplement à substituer des instruments d’échange à bon marché à des instruments plus coûteux. Mac Culloch.