Page:Smith - Recherches sur la nature et les causes de la richesse des nations, Blanqui, 1843, I.djvu/527

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s’attende qu’ils en feront un emploi très-profitable, ce sont les propriétaires ruraux qui empruntent par hypothèque ; encore n’empruntent-ils presque jamais purement en vue de dépenser ; on peut dire que ce qu’ils empruntent est ordinairement dépensé avant qu’ils l’empruntent. C’est, en général, pour avoir consommé trop de marchandises qui leur ont été avancées à crédit par des fournisseurs ou des artisans, qu’ils se voient enfin dans la nécessité d’emprunter à intérêt pour s’acquitter. Le capital emprunté remplace les capitaux de ces fournisseurs et de ces artisans, que jamais ces propriétaires n’auraient pu remplacer avec les rentes de leurs domaines ; il n’est pas proprement emprunté pour être dépensé, mais pour remplacer un capital déjà dépensé.

Presque tous les prêts à intérêt sont faits en argent, soit papier, soit espèces ; mais la chose dont vraiment l’emprunteur a besoin, celle que le prêteur lui fournit réellement, ce n’est pas l’argent, c’est la valeur de l’argent ; ce sont les marchandises qu’on peut acheter avec. Si l’emprunteur entend se servir de l’argent comme fonds destiné immédiatement à sa consommation, il n’y a que ces marchandises qui soient de nature à être mises à cet usage ; s’il en a besoin comme d’un capital pour faire aller quelque genre d’industrie, il n’y a encore que ces marchandises qui puissent servir aux gens de travail, comme outils, matières et subsistances pour exécuter leur ouvrage. Par le prêt, le prêteur délègue,