Page:Smith - Recherches sur la nature et les causes de la richesse des nations, Blanqui, 1843, I.djvu/557

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

LIVRE III.

DE LA MARCHE DIFFÉRENTE DES PROGRÈS DE L’OPULENCE
CHEZ DIFFÉRENTES NATIONS.




CHAPITRE I.

du cours naturel des progrès de l’opulence.


Le grand commerce de toute société civilisée est celui qui s’établit entre les habitants de la ville et ceux de la campagne. Il consiste dans l’échange du produit brut contre le produit manufacturé, échange qui se fait soit immédiatement, soit par l’intervention de l’argent ou de quelque espèce de papier qui représente l’argent. La campagne fournit à la ville des moyens de subsistance et des matières pour ses manufactures. La ville rembourse ces avances en renvoyant aux habitants de la campagne une partie du produit manufacturé. La ville, dans laquelle il n’y a ni ne peut y avoir aucune reproduction de subsistances, gagne, à proprement parler, toute sa subsistance et ses richesses sur la campagne. Il ne faut pourtant pas s’imaginer pour cela que la ville fasse ce gain aux dépens de la campagne. Les gains sont réciproques pour l’une et pour l’autre et, en ceci, comme en toute autre chose, la division du travail tourne à l’avantage de chacune des différentes personnes employées aux tâches particulières dans lesquelles le travail se subdivise. Les habitants de la campagne achètent de la ville une plus grande quantité de denrées manufacturées avec le produit d’une bien moindre quantité de leur propre travail qu’ils n’auraient été obligés d’en employer s’ils avaient essayé de les préparer eux-mêmes. La ville fournit un marché au surplus du produit de la campagne, c’est-à-dire à ce qui excède la subsistance des cultivateurs, et c’est là que les habitants de la campagne échangent ce surplus contre quelque autre chose qui est en demande chez eux. Plus les habitants de la ville sont nombreux et plus ils ont de revenu, plus est étendu le marché qu’ils fournissent à ceux de la campagne ; et plus ce marché est étendu, plus il est toujours