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Page:Smith - Recherches sur la nature et les causes de la richesse des nations, Blanqui, 1843, II.djvu/133

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niers 3/4 : or, le prix d’un baril de bons harengs marchands varie de 17 et 18 schellings à 24 et 25, environ une guinée le prix moyen[1].

Secondement, la prime pour la pêche du hareng étant une prime par tonneau, elle est proportionnée à la charge du bâtiment, et non pas à la promptitude ou au succès de la pêche ; et j’ai peur qu’il ne soit aussi arrivé souvent que des bâtiments aient mis en mer pour courir, non après le poisson, mais après la prime. En 1759, lorsque la prime était de 50 schellings par tonneau, toute la pêche des buyses d’Écosse n’a rapporté que quatre barils seulement de bâtons de mer ; cette année-là, chaque baril de bâtons de mer coûta au gouvernement, en primes seulement, 113 livres 15 schellings ; ce qui fit, pour chaque baril de harengs marchands, 159 livres 7 schellings 6 deniers.

Troisièmement, la méthode de pêcher, pour laquelle la prime par tonneau a été accordée à la pêche du hareng, c’est à-dire de pêcher par buyses (ou bâtiments pontés, de vingt à vingt-huit tonneaux de port), ne paraît pas aussi bien convenir à la situation de l’Écosse qu’elle convient à celle de la Hollande, dont on a emprunté, à ce qu’il paraît, cette pratique. La Hollande est située à une grande distance des mers où l’on sait que se trouve principalement le hareng et, par conséquent, elle ne peut établir cette pêche qu’à l’aide de bâtiments pontés qui puissent porter assez d’eau et de vivres pour un trajet à des parages assez éloignés. Mais les Hébrides ou îles de l’ouest, les îles de Shetland et les côtes du nord et nord-ouest de l’Écosse, pays dans le voisinage desquels se fait principalement la pêche du hareng, sont partout entrecoupées par des bras de mer qui s’enfoncent considérablement dans les terres, et que, dans le langage du pays, on nomme lacs de mer[2]. C’est dans ces lacs de mer que se rend principale­ment le hareng dans les temps de son passage dans ces mers ; car je crois que le passage de ce poisson, ainsi que de plusieurs autres espèces, n’est pas tout à fait cons­tant et régulier. Ainsi, la pêche par bateau paraît être la manière de pêcher la plus con­ve­nable à la situation particulière de l’Écosse, les pêcheurs portant alors les harengs sur le rivage aussitôt qu’ils sont pris, pour y être salés ou consommés frais. Mais le grand encouragement qu’une prime de 30 schellings par tonneau donne à la pêche par buyses, décourage né-

  1. Voyez les états annexés à la fin du volume.
  2. Sea-loches, du mot écossais lock, qui signifie lac. Voyez Dictionnaire de Johnson.