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Page:Smith - Recherches sur la nature et les causes de la richesse des nations, Blanqui, 1843, II.djvu/168

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nière, engagea la France et l’Espagne à exiger du roi de Portugal, sans le moindre prétexte d’offense ou de provocation de sa part, qu’il fermât ses ports à tous les vaisseaux de la Grande-Bretagne, et que, pour assurance de cette exclusion, il y reçût des garnisons françaises ou espagnoles. Si le roi de Portugal se fût soumis à ces conditions ignominieuses que lui proposait son beau-frère le roi d’Espagne, l’Angleterre aurait été affranchie d’un inconvénient beaucoup plus fâcheux que la perte du commerce de Portugal : la charge de soutenir un allié extrêmement faible et si mal pourvu de tout pour sa propre défense, que toute la puissance de l’Angleterre, quand même elle aurait été dirigée vers ce seul objet, aurait pu suffire à peine à le défendre encore pendant une campagne. La perte du commerce de Portugal aurait, sans contredit, causé un embarras considérable aux marchands qui auraient été à cette époque engagés dans ce commerce, et qui, pendant un an ou deux peut-être, n’auraient pas pu trouver d’emploi aussi avantageux pour leurs capitaux ; et c’est vraisemblablement en cela seulement qu’aurait consisté tout le dommage que l’Angleterre aurait eu à souffrir de ce trait remarquable de politique mercantile.

La grande importation annuelle d’or et d’argent n’est pas destinée aux besoins de l’orfèvrerie ni à ceux des monnaies, mais à ceux du commerce étranger. Un commerce étranger de consommation par circuit se fait plus avantageusement avec ces métaux qu’avec presque toute autre marchandise. Comme ils sont les instruments universels du commerce, ils sont reçus en retour de toutes marchandises quelconques, plus promptement qu’aucune autre denrée ; et au moyen de la petitesse de leur volume par rapport à leur valeur, ils coûtent moins que presque toute autre espèce de marchandise à être transportés et retransportés d’une place à l’autre, et ils perdent moins de leur valeur dans tous ces transports. Ainsi, de toutes les marchandises qu’on achète dans un pays étranger, sans autre objet que de les vendre et de les échanger contre d’autres marchandises dans un autre pays étranger, il n’y en a aucune d’aussi commode que l’or et l’argent. L’avantage principal de notre commerce de Portugal, c’est de faciliter tous les différents commerces étrangers de consommation par circuit, qui se font dans la Grande-Bretagne ; et quoique ce ne soit pas là un avantage capital, néanmoins c’en est un considérable.

Il paraît assez évident de soi-même que toute augmentation annuelle qu’on peut raisonnablement supposer dans les ouvrages d’orfé-