Page:Smith - Recherches sur la nature et les causes de la richesse des nations, Blanqui, 1843, II.djvu/216

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des Indes orientales, qui seraient exportées de ce royaume à quelque colonie de la Grande-Bretagne ou plantation américaine, à l’exception des vins, des toiles de coton blanches et des mousselines. » Avant cette loi, plusieurs espèces de marchandises étrangères auraient pu être achetées à meilleur marché dans nos colonies que dans la mère patrie, et quelques-unes peuvent l’être encore.

Il faut observer que ce sont les marchands qui font le commerce avec les colonies, dont les avis ont principalement contribué à la création des règlements relatifs à ce commerce. Il ne faut donc pas s’étonner si, dans la plupart de ces règlements, on a eu plus d’égard à leur intérêt qu’à celui des colonies ou à celui de la mère patrie. En donnant à ces marchands le privilège exclusif de fournir aux colonies toutes les marchandises d’Europe dont elles ont besoin, et d’acheter, dans le produit superflu des colonies, tout ce qui n’est pas de nature à nuire à quelqu’un des trafics qu’ils font chez eux, l’intérêt des colonies a été sacrifié à l’intérêt de ces marchands. Quand on a accordé, sur la réexportation de la plupart des marchandises d’Europe et des Indes aux colonies, les mêmes restitutions de droit que sur la réexportation de ces marchandises dans tout autre pays étranger indépendant, en cela c’est l’intérêt de la mère patrie qui lui a été sacrifié, mais suivant les idées que le système mercantile se forme de cet intérêt. Ce furent les marchands qui eurent intérêt à payer le moins possible les marchandises étrangères qu’ils envoyaient aux colonies et, par conséquent, à retirer le plus possible des droits par eux avancés lors de l’importation de ces marchandises dans la Grande-Bretagne. Ils se trouvèrent par là à même de vendre dans les colonies, ou la même quantité de marchandises avec un plus gros profit, ou bien une plus grande quantité de marchandises avec le même profit et, par conséquent, de gagner quelque chose d’une façon ou de l’autre. C’était également l’intérêt des colonies de se procurer toutes ces marchandises au meilleur compte et dans la plus grande abondance possible ; mais cela pouvait n’être pas toujours l’intérêt de la mère patrie. Elle pouvait souvent en souffrir pour son revenu, en rendant ainsi une grande partie des droits qui avaient été perçus à l’importation de ces marchandises, et en souffrir pour ses manufactures dont les produits étaient supplantés sur le marché de la colonie, à cause de la facilité des conditions auxquelles, au moyen de ces restitutions de droits, on pouvait y porter les produits des fabriques étrangères. On croit communément que les drawbacks sur la réexportation des toiles