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autre beaucoup plus compliqué, beaucoup plus embarrassant et tout aussi inutile. Le titre du livre de Mun, le Trésor de l’Angleterre dans le commerce étranger, devint une maxime fondamentale d’économie politique, non-seulement pour l’Angleterre, mais pour tous les autres pays commerçants. Le commerce intérieur ou domestique, le plus important de tous, celui dans lequel le même capital fournit au pays le plus grand revenu et fait naître le plus d’occupation pour les nationaux, ne fut regardé que comme inférieur au commerce étranger. Ce commerce, disait-on, ne fait entrer ni sortir aucun argent du pays ; il ne peut donc rendre le pays ni plus riche ni plus pauvre, si ce n’est autant seulement que sa prospérité ou sa décadence pourrait avoir une influence indirecte sur l’état du commerce étranger.

Sans contredit, un pays qui n’a pas de mines doit tirer son or et son argent des pays étrangers, tout comme celui qui n’a pas de vignes est obligé de tirer ses vins de l’étranger. Cependant il ne paraît pas nécessaire que le gouvernement s’occupe plus d’un de ces objets qu’il ne s’occupe de l’autre. Un pays qui a de quoi acheter aura toujours tout le vin dont il aura besoin, et un pays qui aura de quoi acheter de l’or et de l’argent ne manquera jamais de ces métaux. On trouve à les acheter, pour leur prix, comme toute autre chose ; et s’ils servent de prix à toutes les autres marchandises, toutes les autres marchandises servent aussi de prix à l’or et à l’argent. Nous nous reposons en toute sûreté sur la liberté du commerce, sans que le gouvernement s’en mêle en aucune façon, pour nous procurer tout le vin dont nous avons besoin ; nous pouvons donc bien nous reposer sur elle, avec autant de confiance, pour nous faire avoir tout l’or et l’argent que nous sommes dans le cas d’acheter ou d’employer, soit pour la circulation de nos denrées, soit pour d’autres usages.

La quantité de chaque marchandise que l’industrie humaine peut produire ou acheter dans un pays s’y règle naturellement sur la demande effective qui s’en fait, ou sur la demande de ceux qui sont disposés à payer, pour l’avoir, toute la rente, tout le travail et tout le profit qu’il faut payer pour la préparer et la mettre au marché[1]. Mais aucune marchandise ne se règle plus aisément ou plus exactement sur cette demande effective que l’or et l’argent, parce que, vu le peu de volume de ces métaux en raison de leur valeur, il n’y a pas de mar-

  1. Livre I, chap. vii.