Page:Smith - Recherches sur la nature et les causes de la richesse des nations, Blanqui, 1843, II.djvu/237

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dues sans cette circonstance. Il faut que leur propre pays à la fois vende plus cher et achète plus cher qu’il n’aurait fait ; il faut à la fois qu’il achète moins et vende moins ; il faut, enfin, qu’il jouisse moins et qu’il produise moins.

Il assujettit ce pays à un désavantage relatif, attendu que, dans toutes ces autres branches de commerce, les autres pays, qui ne sont pas assujettis au même désavantage absolu, se trouvent par là placés, vis-à-vis de ce pays, ou plus au-dessus, ou moins au-dessous de lui qu’ils n’y auraient été. Il les met en état à la fois de jouir plus et de produire plus relativement à la proportion dans laquelle ce pays jouit et produit. Il rend leur supériorité plus grande à son égard, ou leur infériorité moindre qu’elle n’eût été. En faisant monter le prix du produit de ce pays au-dessus de ce qu’il eût été, il met les marchands des autres pays à même de vendre à meilleur compte que ce pays ne peut le faire sur les marchés étrangers, et par là de le supplanter et de l’exclure dans presque toutes les branches de commerce dont celui-ci n’a pas le monopole.

On entend souvent nos marchands se plaindre de l’élévation des salaires du travail indigène, comme de la cause qui empêche les produits de leurs fabriques de se soutenir sur les marchés étrangers ; mais on ne les entend jamais parler des hauts profits du capital. Ils se plaignent du gain excessif des autres, mais ils ne disent rien du leur. Cependant, les hauts profits du capital en Angleterre peuvent contribuer, dans beaucoup de circonstances, autant que l’élévation des salaires payés au travail, et dans quelques circonstances peut-être contribuer davantage à faire hausser le prix des produits des fabriques anglaises[1].

C’est ainsi qu’on peut dire avec raison que le capital de la Grande-Bretagne a été retiré et en partie exclu de la plupart des différentes branches de commerce dont elle n’a pas le monopole, particulièrement du commerce de l’Europe et de celui des pays situés autour de la Méditerranée.

  1. Une hausse dans les profits occasionne une hausse dans le prix de certains produits ; mais elle occasionne en même temps une baisse dans le prix de certains autres ; de sorte qu’on peut dire, généralement parlant, que son effet doit être nul*.
    Mac Culloch.

    *. Cette petite note renferme en résumé toute la doctrine de l’école a laquelle appartient M. Mac Culloch. Elle tend a prouver que tout est, à peu de chose près, indifférent s tout, et qu’en définitive tout est à peu près bien dans le monde économique. A. B.