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Grande-Bretagne, et d’approprier à un marché dont les retours sont éloignés et tardifs ce qui eût été approprié à un marché dont les retours sont fréquents et rapprochés. Par conséquent, son effet a été de déplacer une partie du capital de la Grande-Bretagne d’un emploi dans lequel ce capital aurait entretenu une plus grande quantité d’industrie manufacturière, pour le porter dans une autre où il entretient une moindre quantité ; et ainsi il a diminué la masse totale d’industrie manufacturière en activité dans la Grande-Bretagne, au lieu de l’augmenter.

Comme tous les autres expédients misérables et nuisibles de ce système mercantile que je combats, le monopole du commerce des colonies opprime l’industrie de tous les autres pays, et principalement celle des colonies, sans ajouter le moins du monde à celle du pays en faveur duquel il a été établi, mais au contraire en la diminuant.

Quelle que puisse être, à une époque quelconque, l’étendue du capital de ce pays, le monopole empêche que ce capital n’entretienne une aussi grande quantité de travail productif qu’il ferait naturellement, et qu’il ne fournisse aux habitants vivant de leur industrie un aussi grand revenu que celui qu’il pourrait leur fournir. Or, comme le capital ne peut s’accroître que de l’épargne des revenus, si le monopole l’empêche de produire un aussi grand revenu que celui qu’il aurait pu donner naturellement, il l’empêche nécessairement d’augmenter aussi vite qu’il aurait pu le faire et, par conséquent, d’entretenir une quantité encore plus grande de travail productif, et de produire un revenu encore plus grand aux habitants de ce pays vivant de leur travail. Ainsi, une des grandes sources primitives du revenu, les salaires du travail, devient nécessairement, par l’effet du monopole, moins abondante, dans tous les temps, qu’elle ne l’aurait été.

En faisant hausser le taux des profits mercantiles, le monopole met obstacle à l’amélioration des terres. Le profit de cette amélioration dépend de la différence entre ce que la terre produit actuellement et ce qu’on pourrait lui faire produire au moyen de l’application d’un certain capital. Si cette différence offre un plus gros profit que celui qu’on pourrait retirer d’un pareil capital dans quelque emploi de commerce, alors l’amélioration des terres enlèvera les capitaux à toutes les opérations de commerce. Si le profit est moindre, les entreprises de commerce enlèveront les capitaux à l’amélioration des terres. Ainsi, tout ce qui fait hausser le taux des profits du commerce doit ou affaiblir la supériorité