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LIVRE V.

DU REVENU DU SOUVERAIN OU DE LA RÉPUBLIQUE




CHAPITRE I.

des dépenses à la charge du souverain ou de la république.


SECTION PREMIÈRE

Des dépenses qu’exige la défense commune[1].


Le premier des devoirs du Souverain, celui de protéger la société contre la vio­lence et l’invasion d’autres sociétés indépendantes, ne peut se remplir qu’à l’aide d’une force militaire ; mais, dans les différents états de la société, dans ses différentes pério­des d’avancement, la dépense à faire tant pour préparer cette force militaire, en temps de paix, que pour l’employer en temps de guerre, se trouve être très-différente.

Chez les peuples chasseurs, ce qui est le premier degré et le plus

  1. La grande question qui doit être ici prise en considération est évidemment de savoir, non point quels sont les frais de défense, mais quel système de défense sera le meilleur, quoi qu’il en puisse coûter. Mais Adam Smith, s’étant borné à des recherches qui ont trait aux richesses des nations, s’est, par le plan même de son ouvrage, dispensé de la discussion des questions qui intéressent vivement les hommes d’État. Il les traite, non point comme des questions politiques, ce qu’elles sont en réalité, mais comme des questions d’économie. Il montre d’abord comment elles se rattachent au bien-être général, avant d’en entreprendre la discussion. Il a ainsi, sans aucune nécessité, entravé le cours de ses recherches par une règle qu’il est obligé d’enfreindre avant d’aborder son sujet ; et on peut remarquer que, bien qu’il ne prétende traiter que le côté économique de la question, en tant qu’il fait partie du plan de son ouvrage, il envisage pourtant la question politique, recherchant avant tout, non point le système le moins coûteux, mais le meilleur. Ses vues sur cette matière ne sont pourtant pas complètes ; il se borne à constater un seul point, savoir, la supériorité d’une armée régulière sur toute autre espèce de force, et il attribue à l’oubli de cette maxime toutes les révolutions qui ont bouleversé les États. Buchanan.