Page:Smith - Recherches sur la nature et les causes de la richesse des nations, Blanqui, 1843, II.djvu/431

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quelques branches particulières de manufactures, dont les entrepreneurs viennent à bout de les séduire et de les dominer, jette nécessairement sur le reste un véritable découragement, et tend à rompre plus ou moins cette proportion naturelle qui s’établirait sans cela entre le profit et la sage industrie ; proportion qui est pour l’industrie générale du pays le plus grand et le plus efficace de tous les encouragements.


Article II.
De la dépense qu’exigent les institutions pour l’éducation de la jeunesse


Les institutions pour l’éducation de la jeunesse peuvent aussi, de la même manière, fournir un revenu suffisant pour défrayer leur propre dépense. Le salaire ou honoraire que l’écolier paie au maître constitue naturellement un revenu de ce genre.

Lors même que la récompense du maître ne provient pas entièrement de cette source naturelle de revenu, il n’est pas encore nécessaire qu’elle soit puisée dans ce revenu général de la société, dont la perception et l’emploi sont délégués, dans la plupart des pays, au pouvoir exécutif. Aussi, dans la plus grande partie de l’Europe, la dotation des collèges ou écoles n’est point une charge de ce revenu général, ou n’en est qu’une très-faible. Partout cette dotation provient principalement de quelque revenu local ou provincial, de la rente de quelques biens-fonds, ou de l’intérêt de quelque somme d’argent donnée quelquefois par le souverain lui-même, et quelquefois par un donateur particulier, et mise sous la régie d’administrateurs ou curateurs établis à cet effet.

Ces dotations publiques ont-elles contribué, en général, à accélérer le but de leur institution ? Ont-elles contribué à encourager la diligence des maîtres et à perfectionner leurs talents ? Ont-elles dirigé le cours de l’éducation vers des objets qui soient, tant pour l’individu que pour la société, d’une plus grande utilité que ceux vers lesquels elle se serait dirigée d’elle-même ? Il ne serait pas, à ce qu’il semble, très-difficile de répondre d’une manière au moins vraisemblable à chacune de ces questions.

Dans chaque profession, les efforts de la plupart de ceux qui l’exercent sont toujours proportionnés à la nécessité qu’il y a pour eux d’en faire. Cette nécessité est plus grande pour ceux qui n’attendent leur fortune, ou même leur revenu et leur subsistance ordinaire, que des