Page:Smith - Recherches sur la nature et les causes de la richesse des nations, Blanqui, 1843, II.djvu/434

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qui en sont revêtues, lesquelles, n’assistant pas par elles-mêmes aux leçons du maître, peut-être même n’entendant rien aux sciences qu’il est chargé d’enseigner, ne sont guère en état de l’exercer avec discernement ; et puis, par suite de l’impertinence attachée aux grandes places, ces personnes sont fort souvent elles-mêmes très-indifférentes sur la manière dont elles exercent cette juridiction, et elles sont très-disposées à réprimander le maître ou à lui ôter sa place légèrement et sans motif raisonnable. Une pareille juridiction dégrade nécessairement celui qui y est soumis et, au lieu de tenir rang parmi les personnes les plus respectables de la société, il se trouve placé par là dans la classe avilie et méprisée. Une protection puissante est la seule sauvegarde qu’il puisse se donner contre les mauvais traitements auxquels il est exposé à tout moment ; et pour obtenir cette protection, le talent ou l’exactitude qu’il apportera dans l’exercice de sa profession est un moyen bien moins sûr qu’une soumission absolue à la volonté de ses supérieurs, et la disposition constante de sacrifier à cette volonté les droits, l’intérêt et l’honneur de la corporation dont il est membre. Il n’y a personne qui ait observé pendant quelque temps l’administration d’une université française, qui n’ait eu occasion de remarquer les effets inévitables d’une juridiction extérieure et arbitraire de ce genre.

Tout ce qui oblige un certain nombre d’étudiants à rester à un collège ou à une université, indépendamment du mérite ou de la réputation des maîtres, tend plus ou moins à rendre ce mérite ou cette réputation moins nécessaire.

Quand les privilèges des gradués dans les arts, dans le droit, dans la médecine et dans la théologie peuvent s’obtenir seulement par une résidence d’un certain nombre d’années dans les universités, ils entraînent nécessairement une quantité quelconque d’étudiants dans ces universités, indépendamment du mérite ou de la réputation des maîtres. Les privilèges des gradués sont une espèce de statuts d’apprentissage, qui ont contribué à perfectionner l’éducation, précisément comme les autres statuts d’apprentissage ont contribué à perfectionner les arts et les manufactures.

Les fondations charitables pour des pensions d’écolier, bourses, etc., attachent nécessairement un certain nombre d’écoliers à certains collèges, tout à fait indépendamment du mérite de ces collèges. Si ces fondations charitables avaient laissé aux écoliers la liberté de choisir leur collège, une pareille liberté aurait peut-être contribué à exciter,