Aller au contenu

Page:Smith - Recherches sur la nature et les causes de la richesse des nations, Blanqui, 1843, II.djvu/486

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

pasteur. On laissa subsister environ vingt-deux ans le régime établi par cet acte : mais ce régime fut aboli par le statut de la dixième année de la reine Anne, chapitre XII, à cause des troubles et des désordres qu’avait causés presque partout ce mode populaire d’élection. Cependant, dans un pays aussi étendu que l’Écosse, un tumulte dans une paroisse éloignée n’était pas autant dans le cas de troubler la tranquillité du gouvernement qu’il l’eût été dans un plus petit État. L’acte de la dixième année de la reine Anne rétablit le droit de patronage. Mais quoiqu’en Écosse la loi donne le bénéfice, sans exiger aucune autre condition, à la personne présentée par le patron, cependant l’Église exige quelquefois (car à cet égard elle n’a pas été très-uniforme dans ses décisions) un certain concours ou agrément de la part du peuple, avant de conférer à la personne présentée ce qu’on appelle la charge des âmes ou la juridiction ecclésiastique sur la paroisse. Au moins quelquefois, sous le prétexte affecté de conserver la paix dans la paroisse, elle diffère de mettre le pasteur en possession jusqu’à ce qu’on ait pu avoir ce concours de la part du peuple. Les menées particulières du clergé du voisinage, quelquefois pour obtenir cet agrément populaire, mais plus souvent encore pour l’empêcher, et les moyens de popularité qu’il se ménage pour se mettre à même d’intriguer avec plus de succès dans de pareilles occasions, sont peut-être la cause principale de cet ancien levain de fanatisme qui se fait sentir encore en Écosse dans le clergé et parmi le peuple.

L’égalité que la forme presbytérienne du gouvernement ecclésiastique établit dans le clergé consiste d’abord dans l’égalité d’autorité ou de juridiction ecclésiastique, et secondement dans l’égalité de bénéfices. Dans toutes les églises presbytériennes, l’égalité d’autorité est parfaite ; il n’en est pas de même de celle des bénéfices. En outre, la différence entre un bénéfice et un autre est rarement assez considérable pour que le possesseur même du petit bénéfice puisse être tenté de faire bassement la cour aux patrons afin d’en obtenir un meilleur. C’est ordinairement par des moyens plus honnêtes et plus relevés que, dans toutes les églises presbytériennes où les droits de patronage sont généralement établis, que le clergé cherche à se concilier la faveur de ses supérieurs ; c’est par ses connaissances et son savoir, par une conduite irréprochable, par la fidélité et l’exactitude avec laquelle il remplit ses devoirs. Les patrons mêmes se plaignent souvent de l’indépendance de caractère chez les ecclésiastiques, à laquelle ils donnent volontiers le