Page:Smith - Recherches sur la nature et les causes de la richesse des nations, Blanqui, 1843, II.djvu/535

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plus haut, et on paie souvent assez cher la beauté ou la commodité particulière de la situation. Les loyers du sol sont, en général, le plus haut possible dans la capitale, et surtout dans ces quartiers recherchés où il se trouve y avoir la plus grande demande de maisons, quelles que puissent être les causes de cette demande, soit raison de commerce et d’affaires, soit raison d’agrément et de société, ou simplement affaire de mode et de vanité.

Un impôt sur les loyers de maison, payable par le locataire, et proportionné au revenu total que rendrait chaque maison, ne pourrait pas influer, du moins pour longtemps, sur les revenus que rendent les superficies ou bâtiments. Si l’entrepreneur de constructions n’y trouvait pas le profit raisonnable qu’il s’attend à faire, il serait forcé de quitter le métier ; ce qui, faisant monter la demande de bâtiments, ramènerait en peu de temps le profit de ce commerce à son juste niveau avec le profit des autres. Un pareil impôt ne porterait pas non plus totalement sur le loyer du sol, mais il se partagerait de manière à tomber, partie sur l’habitant de la maison, partie sur le propriétaire du sol.

Par exemple, supposons qu’une personne juge que ses facultés lui permettent de dépenser pour son loyer 60 liv. par an, et supposons aussi qu’on vienne à établir sur les loyers un impôt de 4 sch. pour livre ou d’un cinquième, payable-par le locataire ; dans ce cas, un loyer de 60 liv. lui coûtera 72 liv. par an ; ce qui est 12 liv. de plus que ce qu’elle se croit en état de donner. Il faudra donc qu’elle se contente d’une maison moindre ou d’un logement de 50 liv. de loyer, lesquelles, jointes aux 10 liv. de surcroît qu’elle est obligée de payer pour l’impôt, lui compléteront la somme de 60 liv. par an, qui est la dépense qu’elle se juge en état de faire ; et à l’effet de payer l’impôt, elle renoncera en partie au surcroît de commodités que lui eût procuré une maison de 10 livres de plus de loyer. Je dis qu’elle y renoncera en partie, car il n’arrivera guère qu’elle soit obligée de renoncer en entier à ce surcroît de commodités, parce que, par une suite des effets de l’impôt, elle viendrait à bout de se procurer, pour ses 50 liv. par an, un meilleur logement qu’elle n’aurait pu l’avoir s’il n’y eût pas eu d’impôt. En effet, de même que cette sorte d’impôt, en écartant ce concurrent particulier, doit diminuer la concurrence pour les logements de 60 liv. de loyer, de même elle doit aussi diminuer la concurrence pour ceux de 50 liv., et de la même manière pour le logement de toute autre somme, excepté ceux du loyer le plus bas, pour lesquels elle augmentera au con-