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faut que vous payiez non-seulement l’impôt sur le cuir des souliers que vous portez, mais encore une partie de cet impôt sur les souliers que portent le cordonnier et le tanneur[1]. Il faut que vous payiez de plus pour l’impôt sur le sel, sur le savon et sur les chandelles que consomment ces ouvriers pendant le temps qu’ils emploient à travailler pour vous, et puis encore pour l’impôt sur le cuir qu’usent le faiseur de sel, le faiseur de savon et le faiseur de chandelles, pendant qu’ils travaillent pour ces mêmes ouvriers.

Dans la Grande-Bretagne, les principaux impôts sur les choses de nécessité sont ceux sur les quatre denrées que je viens de nommer : le sel, le cuir, le savon et la chandelle.

Le sel est un objet d’imposition très-ancien et très-universel. Il était imposé chez les Romains, et il l’est actuellement, je crois, dans tous les endroits de l’Europe. La quantité annuellement consommée par un individu est si petite et peut s’acheter si aisément à mesure du besoin, qu’on a pensé, à ce qu’il semble, qu’un impôt, même assez lourd sur cette denrée, ne serait guère sensible pour personne. Il est imposé, en Angleterre, à 3 schellings 4 deniers le boisseau, environ trois fois le prix originaire de cette denrée[2]. En quelques autres pays, l’impôt est encore plus fort. Le cuir est vraiment une chose de nécessité. L’usage du linge a aussi rendu le savon indispensable. Dans des pays où les nuits d’hiver sont longues, la chandelle devient un véritable élément de travail. Le cuir et le savon sont imposés, dans la Grande-Bretagne, à 3 demi-pence la livre ; les chandelles à 1 penny[3] ; impôts qui peuvent monter, sur le prix originaire du cuir, à environ 8 ou 10 pour 100, sur celui du savon

  1. Il est certain que la taxe sur une marchandise élèvera le prix de tous les articles dans la confection desquels elle entre. Une taxe sur le charbon et les chandelles, par exemple, fera hausser le prix des marchandises dans In production desquelles on en consomme. Mais on ne voit pas, pourquoi, quand une taxe est mise sur le cuir, le consommateur payerait la part du cordonnier. Ceux qui font le commerce d’une marchandise imposée avancent d’abord le montant de cette taxe, qui leur rentre quand la marchandise est vendue. Mais la portion qu’ils consomment eux-mêmes reste naturellement à leur charge, car la circonstance qu’ils font le commerce de cette marchandise ne peut pas les placer dans une position exceptionnelle.
  2. En 1798 le droit a été porté à 5 sch. par boisseau. M. Pitt évaluait à un demi-boisseau la consommation annuelle d’une famille pauvre.
  3. Le droit sur la chandelle avait été porté à 1 den. 1/2 : il n été, en 1792, diminué d’un demi-denier.